Cette année, le spécialiste des enceintes et casques haut de gamme Bose fête ses 50 ans d’existence. Europe 1 a eu l’occasion de rencontrer son président actuel Bob Maresca, personnage aussi rare dans les médias que le fut son prédécesseur le Dr Bose, mort en 2013. Stratégie de développement, fonctionnement de l’entreprise, liens avec Apple, Bob Maresca nous dit tout à l’occasion d’un entretien exceptionnel.
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Quel genre de boss Amar Bose était-il avec ses employés ?
B.M. : “C’était définitivement un éternel insatisfait. Pour lui, le produit pouvait toujours être amélioré et il pensait la même chose de son entreprise : on peut toujours faire mieux. C’est quelque chose dont on avait besoin, ici chez Bose.
Quelle était sa stratégie pour Bose ?
B.M. : “Il n’y a jamais eu qu’une seule stratégie : chercher et inventer les meilleurs produits, pour les vendre et en recréer d’autres. Pour le reste, il est toujours resté très évasif quant à la vision qu’il avait du futur de Bose. Je me souviens d’une conférence donnée par le Dr Bose au MIT (Massachusetts Institute of Technology, université américaine située près de Boston, Ndlr), où les étudiants s’attendaient à ce qu’il leur présente le futur de Bose. Mais dès son arrivée au pupitre, il a tenu à mettre les choses au point : ‘Soyez les bienvenus mais je vous préviens, jamais je ne vous révélerai ma vision de l’entreprise. Si je le fais, vous deviendrez dépendants de ma propre vision et serez ainsi incapable de penser par vous même. Et il y a des gens ici, dehors, qui n’attendent qu’une chose : créer le futur’. Les choses n’ont pas changé chez Bose : on ne révèle pas notre plan, parce que le plan, c’est de continuer à développer de nouveaux produits, à créer sans cesse de nouvelles inventions.
Le Dr Bose a-t-il laissé derrière lui des projets inachevés ?
B.M. : “Oui, celui qui me vient tout de suite à l’esprit, c’est la voiture Bose. Vous ne le savez probablement pas mais nous travaillons depuis plus de 20 ans sur un modèle de suspension pour voiture et pour cela, nous avons même développé une voiture complète, la meilleure voiture qui soit : la plus solide, la plus élaborée, la plus lourde mais aussi la plus chère du monde. C’est même plus proche du vaisseau que de la voiture à ce niveau ! Mais commercialement, le projet n’a jamais été viable. On a quand même retenu la technologie de suspension des fauteuils. Le postulat de départ est simple : il est très difficile de garder un oeil concentré sur la route en étant secoué à longueur de trajets et on a constaté, en raison de la mauvaise qualité des suspensions des sièges de camions, un nombre croissant de blessures au dos chez les chauffeurs. Le projet est toujours d’actualité et je peux même vous assurer qu’on y arrivera. Même si, jusqu’ici, cela nous a déjà coûté 80 millions de dollars (environ 64 millions d’euros) en développement. Mais c’est ce qui fait la beauté de cette entreprise : on ne cherche pas le profit à tout prix, mais plutôt des dividendes à réinvestir dans d’autres recherches.”
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Quels sont vos liens avec Apple ?
B.M. : “Avec Apple, nous nous adressons aux mêmes utilisateurs. Les deux entreprises sont en étroite relation depuis la fin des années 1990. À l’époque, les deux entreprises avaient travaillé ensemble pour concevoir des enceintes pour ordinateurs Apple. Steve Jobs est venu visiter un jour notre siège, c’était avant l’ouverture des boutiques Apple. Et quand il a vu notre show-room de démonstration, il a adoré et c’est en partie ce qui l’a inspiré pour les futurs Apple Store. Mais cette influence a été mutuelle. Je me souviens d’une fois où mon neveu m’a montré le tout nouvel iPad, le premier sorti. Et la première chose qu’il m’a dit c’est ‘Tu sais tonton, j’aimerais bien pouvoir faire écouter la musique de mon iPad à mes amis quand ils viennent dans mon appartement’. C’est comme ça qu’on a eu l’idée de la première enceinte pour iPad il y a quelques années. Que ce soit l’iPhone, l’iPad ou tout autre modèle, on est forcé de s’en inspirer. Nos ingénieurs ont des enfants, des voisins, des oncles et des tantes, on sait parfaitement ce que les gens achètent et utilisent au quotidien.”