Cinq jours de promotion capitale. Ils étaient déjà plus de 200.000 joueurs à sillonner les allées du salon Paris Games Week, l'année dernière. La semaine du jeu vidéo a ouvert mercredi, pour cinq jours, ses 32.000 m² de stands à la Porte de Versailles, à Paris. Et la fréquentation devrait battre de nouveaux records cette année. Mais parmi les mastodontes Call of Duty Ghosts, Fifa 14 et autres GTA 5, combien d'acteurs du jeu vidéo peuvent être étiquetés "made in France" ? Europe1.fr a parcouru le salon pour prendre le pouls du secteur.
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La France, un marché qui ne pèse pas lourd mais… Selon les chiffres officiels du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisir (SELL), la France compterait pas moins de 31 millions de joueurs, sur mobiles, sur consoles ou sur ordinateur. Le marché du jeu vidéo, en France, représentait 2,5 milliards d'euros en 2012 et 150 millions de jeu vendus sur la période. De quoi situer les consommateurs français parmi "les champions du monde" du secteur, d'après Emmanuel Martin, délégué général du SELL interrogé par Europe1.fr. Problème : "la France a une culture du jeu vidéo. Mais le secteur a encore une grosse marge de progression en matière de création", regrette le représentant du secteur de la profession en France.
Une vitrine pas très vendeuse. Le salon français a bien choisi cette année de consacrer une partie de son espace aux créations françaises. Mais en comparaison des géants Activision, Electronic Arts ou encore Ubisoft, qui s'affichent sur plusieurs centaines de mètres carrés à grands coups de hauts parleurs hurlants et de scènes dignes de salles de concert, ce stand "100% français" fait petit joueur. Il ne compte qu'une petite vingtaine de jeux, inconnus du grand public, et de nombreuses bornes de test inoccupées alors que les queues s'allongent du côté des Call of Duty et autres FIFA. Pas de grandes affiches colorées, pas de "speaker" présentant les derniers jeux sortis : le jeu vidéo à la française y fait grise mine.
L'argent manque pour les créateurs français. Quand on pense jeu vidéo tricolore, on songe d'emblée à David Cage, LA star française du secteur. Son studio parisien, Quantic Dream, vient de sortir Beyond : Two Souls, une superproduction à mi-chemin entre le jeu vidéo et le cinéma mettant en scène les acteurs Ellen Page et Willem Dafoe. Pour autant, ces "hits" restent marginaux au sein de la production mondiale. "Il nous faut plancher sur un système de financement plus facile. Le problème vient du fait que tous les six mois, on voit naître une nouvelle taxe sur le jeu vidéo, que ce soit sur les consoles, sur le jeu dématérialisé ou sur les supports physiques. Ce n'est pas un climat propice à inciter les investisseurs à mettre plusieurs millions pour créer un GTA-like", regrette Emmanuel Martin.
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La France n°1 mondial de... Un cocorico malgré tout, pour une niche à laquelle on ne pense pas forcément. Parce qu'il n'y a pas que Nintendo, Microsoft ou Sony dans le jeu vidéo : les accessoiristes participent également à la bonne santé du secteur et la France s'y trouve en pole position. Big Ben, spécialiste des accessoires pour les jeux vidéo (manettes, casques, cartes mémoires, etc.), est numéro un mondial du secteur. "Big Ben, c'est 300 emplois dans le Nord de la France. Leur succès est tel qu'ils sont devenus éditeurs de jeu vidéo, c'est-à-dire qu'ils participent désormais à la création de plusieurs titres sur consoles ou PC", souligne le délégué général du SELL.
Il y a donc de l'espoir. "Ces dernières années, des boîtes françaises ont fermé mais il y a encore 200 studios de création qui tournent. La perspective de croissance du jeu vidéo en France, pour les mois à venir, est assez encourageante : chaque génération a doublé le chiffre d'affaire du secteur en France". Vivement GTA VI ?