L’INFO. À Ferguson, une petite ville du Missouri aux États-Unis, les émeutes qui ont éclaté après à la mort de Michael Brown, le 9 août dernier, ne faiblissent pas. Tué d’au moins six balles par un policier, ce jeune Noir est devenu le symbole du débat sur le racisme outre-Atlantique. Et sur le terrain, un groupe d’internautes bien particulier joue un rôle clé dans les manifestations des habitants de Ferguson : les Anonymous, ces pirates informatiques anonymes, qui ont notamment poussé la police locale à dévoiler le nom du policier qui a tiré sur Michael Brown. Explications.
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Un tweet pour “balancer” le policier qui a tiré. Tout est parti d’un message posté le 12 août sur Twitter par @TheAnonMessage, un compte se disant affilié à Anonymous : celui-ci a dévoilé le nom du policier qui aurait tiré sur le jeune Michael Brown. Mais la police locale a rapidement démenti l’information, critiquant au passage le collectif de pirates. Le compte Twitter en question a été suspendu par le réseau social mais le 15 août, les autorités locales ont dévoilé le véritable nom du tireur à l’origine des manifestations américaines.
HANDS UP, DON'T SHOOT. #Ferguson#TwitterSuspension#Anonymouspic.twitter.com/tX93g6lWM1— SEIZED (@TheAnonMessage2) 14 Août 2014
Critiques internes. À la suite de la publication de cette fausse information, les critiques se sont multipliées en interne. Ainsi, le compte @AnonyOps, l’un des plus connus du mouvement Anonymous, a reconnu les divergences au sein du groupe. “Ce compte et d’autres essayent de vérifier l’information avant de la tweeter, mais parfois nous nous plantons”, se sont-ils justifiés. “Le compte en question a été suspendu aujourd’hui et n’a désormais plus le respect des autres anonymous”, a révélé @AnonyOps. Certains comptes d’Anonymous auraient cependant publié la fausse identité du policier volontairement, dans le but d’obliger les forces de l’ordre à divulguer le nom de l’agent en question :
Well, our plan worked. They are held responsible for the safety of Bryan's life. So they have to release the name. #Ferguson— SEIZED (@TheAnonMessage2) 15 Août 2014
Inverser le rapport de force. Outre ce raté, volontaire ou non, les Anonymous ont un réel impact sur les manifestations. Pour cela, le groupe d’”hacktivistes” a monté l’opération menée “OpFerguson”, un site Internet qui permet aux manifestants de consulter des outils tels que des salons de discussion anonymes, des vidéos et les comptes Twitter Anonymous liés à l’initiative. Sur ce portail, les pirates anonymes veulent inverser le rapport de force avec les autorités locales : “Si vous abusez, harcelez ou nuisez d’une quelconque façon aux manifestants à Ferguson, nous allons mettre hors service tous les actifs virtuels de vos ministères et gouvernements. Ce n’est pas une menace, c’est une promesse”, affirment-ils. Des avertissements qui ont été mis à exécution rapidement : le 12 août, le serveur de l’hôtel de ville de Ferguson est tombé en panne, victime d’une attaque par les Anonymous. Plusieurs comptes du mouvement pirate ont également trouvé et publié sur YouTube des enregistrements de la police, révélant ainsi aux manifestants des informations “plus claires et détaillées qu’avec les seules données par la police locale”, assure le Washington Post.
Le contre-exemple Amanda Todd. Le collectif Anonymous n’en est pas à sa première polémique. En octobre 2012, les pirates anonymes avaient prétendu, par erreur, avoir retrouvé l’homme qui avait conduit au suicide d’Amanda Todd. Cette jeune Canadienne âgée de 15 ans avait été forcée de se dévoiler face à une Webcam puis harcelée en ligne. Mais pour Anonymous, “le drame, la confusion, des opinions largement divergentes (...), les succès brillants et les échecs magistraux font partie du lot”.
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