Ecriture robotique. Malgré leur imagination féconde, les surréalistes n’en croiraient pas leurs yeux. Eux qui s’étaient essayés à l’écriture automatique ne se doutaient pas à l’époque qu’un jour naîtrait l’écriture robotique. Les robots ont déjà prouvé leur capacité à accomplir des tâches matérielles aussi bien voire mieux que l’Humain, mais on sait moins qu’ils nous concurrencent désormais dans le domaine de l’art. Après avoir investi les chaînes de montage industrielles, les services à la personne, la médecine et les salles de rédaction, Slate rapporte que les robots s’improvisent maintenant poètes. Et ils le font plutôt bien, « mieux que la plupart des humains », constate même le site Vice avec une pointe d’amertume.
Tweet-poésie. A l’origine de l’un de ces robots-poètes, il y a Ranjit Bhatnagar. L’homme a créé un logiciel nommé Pentametron, capable de croiser des milliers de tweets. A partir de ces messages en 140 signes, Pentametron créé des sonnets en recoupant les sonorités et les longueurs de phrases. Ranjit Bhatnagar avait déjà tenté d’appliquer la même technologie aux mails en 1992. « Le champ des possibles est infini, sur Twitter il existe des millions de personnes qui abordent des millions de sujets différents ». Le plus poétique là-dedans, c’est peut-être que ce robot parvient justement à donner du sens à ce fourmillement.
Shakespeare sur smartphone. L’expérience a fait des émules, et comme André Breton chez les surréalistes, Bhatnagar a entraîné dans son sillage d’autres poètes numériques avides d’expériences. Lors de ses études au MIT, le jeune Nathan Matias a créé un algorithme qui a enregistré des milliers de mots utilisés par Shakespeare dans Swiftkey, cette technologie qui vous permet d’utiliser la saisie prédictive sur vos smartphones. Matias n’a ensuite plus qu’à pianoter au hasard sur les touches de son téléphone pour s’improviser poète. Ces rapides évolutions technologies posent de nombreuses questions sur le statut de ces robots et poussent certains juristes et avocats à plaider pour la création d’une personnalité morale pour eux. Reste à savoir maintenant si les plus grands poètes se seraient réjouis de voir la plume remplacée par des algorithmes.