Voiture autonome, lunettes connectées, et après ? Google continue d'explorer de nouveaux objets dits "intelligents", comme le prouve sa dernière acquisition. Le géant américain a en effet confirmé lundi le rachat Boston Dynamics, une entreprise spécialisée dans la conception de robots ultramobiles. Créée en 1992 par un professeur du Massachussetts Institute of Technology (MIT), cette société avait dévoilé, en octobre dernier, un robot capable de galoper jusqu'à 26 km/h. Mais quel rapport avec Google ? Quel intérêt pour le moteur de recherche à sceller une telle alliance ? Pour tenter d'y voir plus clair, Europe1.fr a posé la question à Jean-Claude Heudin, directeur de l'Institut de l'Internet et du Multimédia et spécialiste de la robotique.
Pourquoi Google a racheté Boston Dynamics ?
Jean-Claude Heudin : De prime abord, cette acquisition est surprenante. Mais ce n'est pas la première du genre pour Google, la marque américaine en est ainsi à son huitième rachat dans la robotique ! Un département spécialement dédié a été créé au sein du siège californien, avec à sa tête Andy Rubin (le cofondateur du système d'exploitation mobile Android, Ndlr). Jusqu'ici, Google exerçait essentiellement dans le business du virtuel. Les robots, c'est une première incursion dans le réel pour ce géant du Web. Alors, bien sûr, il y a les Google Glass, mais elles ne sont pas encore commercialisées pour le grand public (seule une poignée de développeurs les testent actuellement, Ndlr).
Faut-il y voir un lien direct entre les voitures autonomes actuellement développées par Google ?
J-C. H : Il y a toujours eu une grande relation entre l'automobile et les robots. On l'a vu par exemple avec Asimo, ce robot humanoïde développé par les laboratoires Honda. D'ailleurs, lorsqu'on ouvre le capot d'une voiture haut de gamme, on y trouve près de 90 microprocesseurs. Des robots sur roues en somme. Il y a une convergence générale des technologies réelles et irréelles, ce qui me laisse penser que cette acquisition est surprenante mais finalement assez logique.
Mais au-delà de ces voitures, ça veut dire qu'il faut s'attendre à un robot Google dans les mois qui viennent ?
J-C. H : À mon avis, il s'agit plutôt d'acquérir des compétences. Après, pour quelles applications, il est encore un peu tôt pour le dire. Mais il ne faut pas oublier qu'une des têtes pensantes de Google (Ray Kurzweil, Ndlr) est adepte de la théorie transhumaniste (qui prône l'usage des technologies afin d'améliorer les capacités physiques et mentales de l'être humain, Ndlr). Google compte sur l'intelligence artificielle pour que dans quelques années, les machines soient totalement fabriquées par d'autres machines. Si on n'est incapable de prédire l'avenir, à en croire ces théories, dans 30 ans il sera possible de télécharger son esprit depuis une machine. Et ainsi croire à l'immortalité de l'âme.