L’INFO. Google tout puissant sur le Web ? Voici une idée que combat depuis plusieurs années la justice européenne. Dernière décision en date contre le géant américain : la Cour de justice européenne a estimé en mai 2014 que les particuliers avaient le droit de déréférencer des résultats du moteur de recherche les liens vers des pages comportant des informations personnelles périmées ou inexactes, notion appelée “droit à l’oubli”. Ce qui entraînerait des “trous de mémoire” sur Internet d’après la fondation Wikipedia, encyclopédie en ligne participative.
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Une “censure” pour Wikipedia. La fondation qui gère le dictionnaire en ligne n’a pas hésité à qualifier mercredi la décision de la justice européenne de “censure”. Pour Lila Tretikov, directrice exécutive de la Fondation Wikimedia, cette application du droit à l’oubli “empêche le monde d’avoir accès librement à des informations fiables à propos de certaines personnes ou événements”, a-t-elle regretté sur un blog officiel. Selon elle, l’impact sur Wikipedia est “direct et critique” et le portail a par exemple déjà reçu une cinquantaine de notifications demandant à ce que des contenus soient effacés.
“Les résultats de recherche valides disparaissent”. Pour les responsables de Wikipedia, les conséquences de cette décision européenne sont graves : la Cour de justice européenne “a abandonné sa responsabilité de protéger l’un des droits les plus importants et universels : le droit de chercher, de recevoir et de transmettre des informations”, surenchérit Mme Tretikov. “En conséquence, des résultats de recherche valides disparaissent en Europe sans explication publique, sans réelle preuve, sans contrôle judiciaire et sans possibilité d’appel. Le résultat est un Internet criblé de trous de mémoire”, a-t-elle ajouté. Pour contrer cette décision, Wikipedia a indiqué que le site allait poster des avertissements “pour chaque contenu retiré”.
91.000 demandes reçues par Google. Dès le mois de juillet, certains médias britanniques s’étaient plaints de l’arrêt en question, constatant que Google avait restreint l’accès à un blog de la BBC et à plusieurs articles de journaux anglais au nom du droit à l’oubli. Mi-juillet, Google avait de son côté indiqué avoir reçu plus de 91.000 demandes pour effacer au total 328.000 liens en raison de ce même droit à l’oubli en Europe. Son concurrent direct Bing, propriété du géant Microsoft, avait suivi ses traces en laissant les internautes européens la possibilité de demander le retrait d’informations les concernant dans les résultats de son moteur de recherche.
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