L'info. Le groupe Bouygues pourrait bien avoir une longueur d'avance sur Numericable pour racheter SFR. Non seulement il bénéficie de la préférence du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, mais il a un autre atout : un réseau d'antennes et des fréquences de téléphonie mobile qu'il a déclaré être prêt à vendre à Free Mobile pour faciliter son mariage avec SFR. Un scénario que les associations de consommateurs suivent avec attention, redoutant que les Français en paient le prix.
Le constat. Si Numéricable rachète SFR, le paysage français de la téléphonie mobile resterait inchangé, avec quatre gros opérateurs. Mais si c'est Bouygues qui rachète le deuxième opérateur français, la France ne se retrouverait plus qu'avec trois opérateurs : SFR-Bouygues, Orange et Free Mobile. Un phénomène de concentration qui ne serait pas sans conséquences pour les consommateurs.
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"Au début, cela ne changera pas grand chose parce que je ne pense pas que les opérateurs changeront la nature des prestations et le niveau des tarifs. Le risque est plutôt dans le futur, lorsqu'il y aura des sauts technologiques : à trois opérateurs, ils chercheront probablement à accroitre les prix de manière importante", a analysé François Carlier, délégué général de la CLCV (Consommation Logement Cadre de Vie), dimanche soir sur Europe 1.
Le retour à "une situation risquée" pour les consommateurs ? Et François Carlier de rappeler la situation en France lorsque les opérateurs n'étaient qu'au nombre de trois : "les trois opérateurs de téléphonie mobile ont été lourdement condamnés pour entente en novembre 2005. Même après avoir été condamnés, ça n'a pas vraiment changé les tarifs qui étaient très élevés. Il a fallu que le gouvernement précédent prenne acte de cette entente et fasse entrer un quatrième opérateur (Free mobile, ndlr), et c'est l'entrée de ce quatrième opérateur qui a tout changé".
"Donc c'est sûr que si on revient à la situation d'avant, a minima c'est une situation risquée. Il y a un risque qu'une entente entre opérateurs se reconstruise à moyen et long terme et qu'ensuite, à la faveur d'une nouvelle technologie - la 5G par exemple -, on aille vers des tarifs prohibitifs", conclut le délégué général de la CLCV.
L'exemple autrichien. L'UFC Que Choisir est sur la même longueur d'onde : "passer de quatre à trois opérateurs est quelque chose qui peut nous inquiéter si des garanties ne sont pas mises en oeuvre", a prévenu son président Alain Bazot. Et ce dernier de citer un exemple bien concret : "on peut avoir la crainte que les prix n'augmentent, ce n'est pas une hypothèse farfelue c'est ce qu'ont connu les Autrichiens" quand leur marché est passé de 4 à 3 opérateurs.
Le gouvernement promet d'être vigilant. Un constat partagé par Benoît Hamon : "je n'oublie pas qu'avant l'arrivée d'un 4è opérateur de téléphonie mobile, SFR et Bouygues Télécom étaient de véritables machines à cash pour leurs maisons-mères sans que les bénéfices dégagés n'aillent forcément à l'investissement", a réagi le ministre de la Consommation.
Et benoit Hamon d'ajouter : "je souhaite que les conditions de rachat de SFR assurent la pérennité de l'emploi et favorisent l'investissement dans les réseaux tout en continuant d'animer le marché de manière à garantir aux consommateurs des tarifs attractifs et des services toujours plus innovants".
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