À l’image des autres géants du Web Facebook, Yahoo ou Twitter, Google teste régulièrement de nouvelles fonctionnalités au sein de ses services, parfois même sans l’annoncer à ses utilisateurs. Et avec “Search Box”, le moteur de recherche a provoqué l’ire de plusieurs sites français : cette fonctionnalité propose d’effectuer une recherche au sein d’un site tiers, mais en restant dans l’univers de Google. Malgré un premier avertissement envoyé jeudi par plusieurs éditeurs et des mesures mises en places, la firme californienne ne compte pas laisser tomber “Search Box”. Explication.
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C’est quoi “Search Box” ? Jusqu’ici, en tapant le nom d’un site, d’un média ou d’un autre portail qui référence des contenus, le premier résultat était celui qui apparaissait comme le plus logique. L’internaute cliquait alors sur le site qu’il visait et s’il cherchait un article précis ou tout autre contenu, il devait lancer une recherche au sein même du portail en question. Mais Google ne veut plus perdre ses internautes. Pour cela, un nouveau champ a fait son apparition depuis quelques mois : “Search Box”. Avec cette fonctionnalité, l’utilisateur peut déclencher une requête sur LesEchos, sur Tumblr ou encore sur le site de l’UFC-Que Choisir tout en restant sur Google.fr.
Pourquoi ça gronde ? Le problème, c’est qu’avec cette démarche, Google fausse toutes les statistiques de visites puisque l’internaute ne surfe plus réellement sur les sites concernés. Or ces mesures permettent aux portails de mesurer et d’identifier les contenus les plus vus, pour mieux cibler la publicité éventuelle qu’il proposera ensuite. Laquelle publicité représente une source importante de revenus pour les portails en question. En résumé, “Search Box” pourrait faire chuter une partie des revenus de certains médias ou éditeurs, en phagocytant la recherche interne de ceux-ci.
Qui sont les plaignants ? Jeudi, l’Open Internet Project (OIP), fédération d’acteurs européens qui lutte pour un Web plus neutre et plus ouvert, a déploré le “caractère unilatéral et discriminatoire” de cette fonctionnalité qui mènerait, d’après l’OIP, à “un détournement de trafic”. L’OIP réunit plus de 1.000 membres dont LeBonCoin, le site de voyages Trivago, le comparateur LeGuide.com (un site du groupe Lagardère, comme Europe 1, ndlr) ou encore Le Monde. Une lettre de mise en demeure a donc été envoyée jeudi au géant américain, le menaçant de suites administratives ou judiciaires si “Search Box” n’était pas rapidement supprimée.
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Google répond, mais “Search Box” reste active. Google a très rapidement réagi : dès jeudi après-midi, le moteur de recherche a annoncé la mise en place d’une option pour supprimer “Search Box” de son site “d’ici quelques semaines”, expliquent Les Echos. Pour expliquer sa démarche, Google s’est défendu en arguant qu’il s’agissait de tests pour “voir les réactions et corriger ensuite si besoin”. Thierry Orsoni, secrétaire général de l’OIP, s’est dit “satisfait” de cette mesure mais reste attentif au dispositif de Google : “Avec Google, vigilance et mobilisation sont les deux mamelles d’une bonne coopération”. Au moment d’écrire ces lignes, “Search Box” restait cependant actif sur tous les sites précédemment cités.