En quelques jours, deux applications quasiment identiques ont fait leur apparition sur smartphones : Meerkat et Periscope. Leur principe ? Filmer un événement et le diffuser en direct sur les réseaux sociaux. Mais après un duel de haute tenue, la seconde application a tué la première. La faute à Twitter, propriétaire de Periscope, qui n'a eu besoin que de trois rounds pour venir à bout de son adversaire.
>> Round 1 : Meerkat fait un carton. Le 27 février dernier, Meerkat (qui signifie Suricate, un animal toujours à l'affût de ce qui passe autour de lui) voyait le jour sur l'App Store, la boutique d'application Apple, dans une relative discrétion. L'outil était en développement depuis plusieurs mois par une start-up venue d'Israël et s'appelait à l'origine Yevvo. Le principe est minimaliste, puisque l'application n'offre que deux options : filmer en direct ou programmer un enregistrement vidéo pour plus tard. Dès l'enclenchement de la capture, un message est envoyé sur Twitter pour prévenir du début de la diffusion, et le tour est joué.
Le succès est quasiment immédiat et l'application est notamment portée au cours du mois de mars par le festival américain South By South West. Le mélange des deux secteurs se prête parfaitement au live et en quelques jours, l'application enregistre plusieurs dizaines de milliers de téléchargements.
>> Round 2 : Twitter avance la sortie de Periscope. Twitter n'a pas vraiment sorti Periscope de son chapeau : le réseau social a fait l'acquisition de l'application, encore en développement, pour la bagatelle de 100 millions d'euros (environ 92,7 millions d'euros) il y a quelques mois déjà. Le principe est exactement le même que celui de Meerkat mais ajoute une fonctionnalité inédite : la possibilité de revisionner ce qu'on a diffusé en direct, pendant une période de 24 heures suivant la fin de l'enregistrement. D'après plusieurs sites spécialisés américains, Twitter a poussé les équipes qui développaient l'outil afin que ce dernier sorte le plus tôt possible, pour concurrencer directement Meerkat. L'app' est lancée le 26 mars.
>> Round 3, l'uppercut de Twitter. Arrivé second sur le marché, Twitter s'inquiète de la notoriété et de l'adoption ultra-rapide de Meerkat par les utilisateurs. Alors pour couper l'herbe sous le pied de son concurrent, les dirigeants du réseau social vont asséner un coup quasi-fatal au suricate : Twitter bloque l'accès de Meerkat à une partie de ses services, dont la diffusion automatique du message avertissant du début d'un live. Il est encore possible de visionner des vidéos en direct et de partager des vidéos, mais cette action a concordé avec le déclin de Meerkat, comme le montre le schéma suivant : après un pic à plus de 25.000 tweets le 26 mars, Meerkat est retombé à moins de 8.000 tweets par jour le 31 mars, quand Periscope en affichait 18.000 le même jour.
De nombreuses personnalités ont affiché leur soutien à Meerkat : l'acteur Jared Leto a investi 14 millions de dollars (environ 13 millions d'euros) dans la jeune pousse, alors que Madonna, l'animateur Jimmy Fallon ou encore Snoop Dogg l'ont choisi au détriment de son concurrent. Mais le poids du mastodonte Twitter devrait, dans les mois qui viennent, logiquement faire pencher la balance du succès en faveur de Periscope.
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