L'INFO. Un groupe d'experts a remis lundi un rapport au gouvernement, dans lequel il préconise de multiplier par trois le nombre d'antennes relais dans certaines villes afin de limiter le niveau d'exposition aux ondes électromagnétiques. Plus d'antennes pour moins de risques : comment cela est-il possible ? Explications.
Pourquoi un tel rapport ? L'objectif de ce rapport, initié en 2009 à l'occasion du Grenelle des ondes et dont les mesures se sont achevées en décembre 2012, était d'envisager la possibilité de réduire l'exposition aux ondes des antennes relais de téléphonie mobile. Devant les risques potentiels que ces antennes représentent pour la santé, certaines associations demandent, depuis plusieurs années, l'abaissement du seuil réglementaire d'exposition. Actuellement, celui-ci est compris entre 40 V/m et 61 V/m. Un chiffre que les associations concernées souhaiteraient faire tomber à 0,6 V/m. "41 V/m représente l'exposition mesurée près d'un micro-onde en fonctionnement. C'est évidemment bien trop élevé", confie à Europe1.fr Etienne Cendrier, porte parole de l'association Robin des Toits, association nationale pour la sécurité sanitaire dans les technologies sans fil.
50.000 antennes en France. Il y a actuellement 50.000 antennes-relais sur les toits français, permettant d'assurer la couverture du territoire pour les communications sur téléphones mobiles. Un chiffre qui pourrait bien évoluer puisque le rapport remis au gouvernement préconise d'augmenter ce nombre afin de réduire le niveau d'exposition aux ondes électromagnétiques tout en garantissant un degré de couverture aux réseaux téléphoniques satisfaisant.
Un rapport "gonflé" ? Dans certaines agglomérations, les experts préconisent de multiplier par trois le nombre d'antennes. C'est le cas pour les villes de Paris (dans le XIVème arrondissement), Grenoble, Lavelanet (Ariège) ou encore à Thiers (Puy-de-Dôme). Il faudrait même quatre fois plus d'antennes à Grand-Champ, dans le Morbihan. Mais pour Robin des Toits, certains résultats de ce rapport ne sont pas justes : "Les chiffres ont été gonflés pour attirer l'attention du gouvernement, mais par exemple pour Grenoble, il faudrait multiplier par 1,5 et non par 3 le nombre d'antennes", précise Etienne Cendrier. "Dans certaines villes, comme en Alsace, il n'y a même pas besoin d'en rajouter !", ajoute-t-il. Etienne Cendrier regrette certaines conclusions de ce rapport : "il y a un gonflement artificiel de certains chiffres, afin d'interpeler le gouvernement sur le coût d'une telle opération".
"Ni raisonnable, ni supportable". Du côté de la Fédération française des télécoms (FFT), qui représentait les opérateurs téléphoniques dans ce rapport, il serait "ni raisonnable, ni supportable par les opérateurs de financer l'installation d'au moins 110.000 antennes-relais supplémentaires", nécessaires pour baisser le seuil à 0,6 V/m. Un seuil qui "n'est recommandé par aucune agence publique d'expertise au monde", précise la FFT. Une mesure pourtant préconisée par le Conseil de l'Europe en 2011.
Les ministres ne tranchent pas. Le ministre de l'Écologie Philippe Martin, et la ministre déléguée à l'Économie numérique, Fleur Pellerin, ont prudemment appelé dans un communiqué à la poursuite des "réflexions en matière de radiofréquences". Ils ont souhaité que "ces travaux puissent (...) nourrir la mission sur la sobriété en matière d'exposition aux ondes électromagnétiques, et dont le rapport est attendu à la rentrée".