L'INFO. Après plusieurs mois de bataille juridique, Twitter a cédé. Le réseau social a annoncé vendredi avoir fourni à la justice française "les données susceptibles de permettre l'identification de certains auteurs" de tweets antisémites qui avaient été publiés en octobre 2012. Une déclaration qui met donc fin au litige entre l'entreprise américaine et l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), à l'origine de la demande d'informations sur les auteurs des messages concernés.
Acte 1 : des messages à caractère antisémites. Octobre 2012, sur le réseau social Twitter, deux hashtags (le terme désignant les mots-clés sur le site de micro-blogging) fleurissent : #UnBonJuif et #UnJuifMort. Certains messages accompagnants ces hashtags ne sont que des mauvaises blagues, mais de très nombreux "tweets" se révèlent être antisémites. L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) décide alors de porter plainte contre X et demande à Twitter de partager ses informations au sujet des auteurs de ces messages racistes.
Acte 2 : Twitter se réfugie derrière le droit américain. Mais l'entreprise basée à San Francisco choisit de se réfugier derrière la loi californienne, beaucoup plus libre en matière de liberté d'expression. "La difficulté dont nous parlons est la conséquence de l’universalité d’Internet. Nous sommes dans une nébuleuse où il n’existe pas d’harmonisation des législations", avait fait remarquer l’avocate de Twitter, Me Alexandra Neri, en janvier dernier au Palais de Justice de Paris, à l'occasion de l'assignation devant la justice du réseau social. La firme californienne craignait de futures éventuelles poursuites d'utilisateurs, qui pourraient reprocher à Twitter la transmission des données personnelles les concernant. Le jugement avait alors été placé en délibéré.
Acte 3 : L'UEJF attaque au pénal. L'association avait décidé, en mars dernier, de continuer son combat devant un tribunal pénal, réclamant 38,5 millions d'euros de dommages. L'UEJF s'était alors engagée à reverser cette somme au Mémorial de la Shoah.
Acte 4 : Twitter cède, le litige prend fin. Twitter a donc finalement accepté de partager ses informations concernant les auteurs éventuels de ces tweets. Une opération qui "met fin au litige" avec l'UEJF. Dans un communiqué publié par le réseau social, Twitter assure vouloir "poursuivre activement leur collaboration afin de lutter contre le racisme et l'antisémitisme dans le respect de leurs législations nationales respectives".
Une décision "importante" pour Fleur Pellerin. La ministre française de l'Économie numérique Fleur Pellerin a salué cette décision : "C'est important car c'est la fin de l'impunité pour les personnes qui se rendent coupables d'infractions pénales et qui se réfugiaient derrière l'anonymat ou le pseudonymat (se cacher derrière un pseudo, NDLR) pour se faire, mais ça ne remet bien entendu pas en cause l'anonymat ou le pseudonymat pour l'immense majorité des utilisateurs", a déclaré la ministre. Mais il reste du chemin à effectuer avant de régler définitivement ce problème, selon la ministre : "les fonctionnalités doivent être améliorées, c'est un travail qui va se faire je pense dans les prochaines semaines", a indiqué Fleur Pellerin, précisant que ce travail pourrait associer "la CNIL, les associations, les ONG pour les aider à aller dans le bon sens".