Le constructeur automobile allemand a annoncé mardi changer le nom de sa filiale aux Etats-Unis pour symboliser son virage vers l'électrique. Le groupe assurait vouloir la baptiser "Voltswagen of America" et avait tout mis en place pour faire durer sa plaisanterie, allant même jusqu'à créer un nouveau compte Twitter.
Volkswagen a mis fin à la confusion mardi soir : contrairement à ce qui avait été annoncé officiellement plus tôt dans la journée, le groupe ne se rebaptisera pas "Voltswagen" aux Etats-Unis. C'était une blague du 1er avril, a confirmé un porte-parole. Le vénérable constructeur allemand avait surpris en affirmant vouloir changer le nom de sa filiale dans le pays en "Voltswagen of America" pour symboliser son virage vers l'électrique.
Tout avait été fait pour donner à cette annonce un caractère officiel, entre communiqué sur le site américain et changement du compte Twitter. Elle a été largement relayée dans les médias. Un porte-parole aux Etats-Unis, interrogé par l'agence, avait même confirmé mardi le contenu du communiqué. Mais cette information, dévoilée à l'avant-veille d'une journée connue pour ses traditionnels canulars et au moment où le groupe lance un nouveau véhicule électrique aux Etats-Unis, a aussi suscité des doutes.
Lancé sur le créneau électrique
Un autre porte-parole du groupe a confirmé mardi soir qu'il s'agissait bien d'une supercherie. L'annonce ne semblait pas complètement irréelle. Volkswagen a de grandes ambitions : la société entend devenir leader mondial sur le créneau des véhicules électriques dès 2025, devant Tesla. Au pays d'Elon Musk, l'entreprise semblait vouloir accompagner cette stratégie d'un grand virage marketing en faisant référence dans son nom même à l'unité électrique "volt". Surtout que le groupe est particulièrement connu aux Etats-Unis pour le scandale du "dieselgate", qui lui a coûté des milliards d'euros et une partie de sa réputation.
General Motors, un autre géant de l'automobile, avait par ailleurs dévoilé en début d'année un nouveau logo destiné à symboliser son virage vers les véhicules n'émettant pas d'émissions polluantes, avec notamment une nouvelle forme pour la lettre M censée suggérer une prise électrique. Sans aller jusqu'à changer de nom, GM a significativement fait évoluer son graphisme et ses couleurs.
La filiale de Volkswagen aux Etats-Unis avait commencé par diffuser lundi soir un document sur le sujet, par erreur apparemment. De quoi soulever déjà des questions sur la possibilité que ce soit un canular de 1er avril, la presse allemande étant particulièrement friande de blagues et farces en tout genre en cette période.
Un porte-parole de Volkswagen aux Etats-Unis a assuré dans la journée que le changement devait initialement être annoncé le 29 avril et qu'il reflétait bien l'évolution des modèles proposés par le groupe. Cette transformation coïncidait d'ailleurs avec le lancement dans le pays d'une campagne promotionnelle pour le véhicule ID.4, le SUV tout électrique de Volkswagen. Elle ne devait concerner que la marque "Voltswagen of America", la filiale de l'entreprise qui commercialise aux Etats-Unis les voitures du groupe, et pas l'ensemble de l'entreprise.
Une farce similaire pour le lancement d'une Golf en 2003
Le porte-parole n'a toutefois pas répondu aux questions après la parution d'un article du Wall Street Journal affirmant que pour les responsables de la communication au siège de l'entreprise en Allemagne, le changement de nom était une blague au service d'une campagne promotionnelle. Chroniqueur du média spécialisé dans la publicité Advertising Age, E.J. Schultz faisait aussi preuve de scepticisme, soulignant notamment que l'entreprise n'avait pas déposé la marque "Voltswagen".
"Si VW faisait un geste de cette ampleur, il semblerait probable que l'entreprise mette des cadres à disposition pour des interviews. Ce qui n'était pas le cas mardi matin", a-t-il aussi relevé. Les analystes de Wedbush ont en tout cas pris l'annonce au sérieux, estimant dans une note qu'elle "reflétait la vision du groupe pour l'électrique".
Face à la prise de conscience grandissante des problèmes liés au changement climatique, le créneau des véhicules électriques est devenu la nouvelle coqueluche des constructeurs traditionnels comme de nombreuses start-up. Et sur ce marché, Volkswagen se positionne de plus en plus en rival direct de Tesla pour susciter l'engouement des clients comme des investisseurs.
Le groupe n'en est pas à son premier coup de communication du genre : pour le lancement d'une nouvelle Golf en 2003, Volkswagen avait fait rebaptiser pendant quelques semaines la ville où il est basé en Allemagne, Wolfsburg, en "Golfsburg".