"Le problème, c'est le mépris insensé pour les droits des utilisateurs à la vie privée", souligne un investisseur.
"Quittez Facebook" (#deletefacebook"). Le réseau social, mis en cause dans les révélations sur l'utilisation indue des données de millions d'usagers, est vilipendé de toutes parts. Malgré des excuses, Facebook fait face à une campagne de désabonnements et a chuté en Bourse. Son patron-fondateur Mark Zuckerberg a fini par sortir mercredi de son silence et formuler un mea culpa très attendu, après plusieurs jours d'intense polémique. "Cela a constitué un abus de confiance très important et je suis vraiment désolé de ce qui s'est passé. Notre responsabilité est de faire en sorte que cela ne se reproduise pas", a déclaré le patron du réseau social dans une interview mercredi soir sur la chaîne CNN.
Jusqu'à 90 jours pour supprimer son compte. Mark Zuckerberg a promis des améliorations quant à la protection des données personnelles, en particulier pour les applications tierces auxquelles on se connecte via son compte Facebook. Le réseau social et ses actionnaires ont déjà laissé des plumes dans ce scandale : mercredi, le titre s'échangeait à moins de 170 dollars, soit une baisse d'environ 8% par rapport à vendredi, même si la chute s'est interrompue mercredi. Un recul qui se traduit par des milliards de dollars en moins en termes de valorisation boursière. Et malgré les excuses, la colère contre Facebook, qui revendique plus de 2 milliards d'utilisateurs, reste manifeste. Brian Acton, cofondateur de la messagerie WhatsApp rachetée à prix d'or en 2014 par Facebook, a joint sa voix à celle de nombreux internautes et appelé à quitter le réseau social. Plusieurs sites internet proposent des astuces pour se désabonner, avertissant toutefois que le processus est complexe. La suppression définitive du compte peut prendre jusqu'à 90 jours mais, durant cet intervalle, les informations ne sont plus accessibles. Si l'utilisateur se reconnecte, la demande de suppression est annulée, prévient Facebook.
"Abus de confiance". Pour Roger McNamee, un célèbre investisseur de la Silicon Valley et un des premiers actionnaires de Facebook, la crise actuelle a fait une victime importante : la confiance placée dans le réseau social par ses utilisateurs, clé du succès de la société. Ce qu'ont reconnu mercredi les responsables de Facebook, évoquant un "abus de confiance". "Le problème c'est le mépris insensé pour les droits des utilisateurs à la vie privée et une indifférence vis-à-vis du respect des données qu'ils ont confiées à Facebook", a-t-il déploré. Des cabinets d'avocats américains ont déjà annoncé mercredi avoir déposé des plaintes et recours en nom collectif ("class action") au nom de citoyens et d'actionnaires. Plusieurs enquêtes ont été ouvertes aux Etats-Unis par des régulateurs, et les procureurs de New York et du Massachusetts.