Les éditeurs de sites internet se battent pour être le mieux référencés possible par Google mais cette compétition risque d’être bouleversée par un changement de paradigme imminent. La firme de Mountain View a annoncé mardi sur l’un de ses blogs officiels, le Google Webmaster central blog, qu’elle déclarait la guerre aux publicités interstitielles sur mobile afin de "faciliter les recherches de ses utilisateurs". Les sites qui en abusent seront moins bien classés par son moteur de recherche.
Ce que Google désapprouve désormais. A partir du 10 janvier 2017, les sites qui affichent des publicités sous forme d’interstitielles seront moins bien référencés et risquent donc d’être mois visités. Mais de quoi s’agit-il ? La publicité est considérée comme interstitielle lorsqu’elle prend la forme d’une page qui apparaît avant la page internet que le visiteur souhaite consulter, ou lorsqu’elle se glisse en transparence par-dessus le site. En clair, il s’agit d’une publicité qui occupe tout l’écran ou presque, qui n’est donc pas évitable et a tendance à irriter les internautes. Le plus souvent, une petite croix est censée permettre de refermer l’annonce, mais ce bouton est soit invisible soit trop petit : résultat, l’internaute peine à fermer le message publicitaire ou clique dessus sans le faire exprès. Dans les deux cas, l’expérience utilisateur est mauvaise et la navigation ralentie.
Tout sauf anodin pour les sites internet. Google a donc décidé de pénaliser les sites internet qui affichent de telles publicités en les faisant bientôt apparaître bien plus loin dans les résultats de recherche. Une menace des plus sérieuses : en septembre 2015, Google France indiquait que 71% des internautes n’allaient pas plus loin que la première page de résultat. Or, 91% des recherches dans le monde se font sur Google. Être relégué en deuxième page, c’est donc prendre le risque d’attirer bien moins d’internautes et donc de clients ou d’annonceurs publicitaires. Il est donc très probable que les sites internet et les régies publicitaires jouent le jeu.
Le virage opéré par Google n’annonce pas pour autant la fin de la publicité en ligne. Certains formats interstitielles seront d’ailleurs toujours bien vus par ses algorithmes, mais à certaines conditions : s’il s’agit d’une publicité qui recouvre une "partie raisonnable de l’écran", c’est-à-dire pas plus d’un tiers. L’entreprise a d’ailleurs publié sur son blog un exemple de format publicitaire toléré : sur l'image ci-dessous, les deux à gauche sont des modèles à éviter, celui à droite est recommandé.
Encadrer la publicité pour mieux la préserver. Les allergiques à la publicité ne doivent pas pour autant se réjouir trop vite. Google n’a rien contre la publicité, au contraire : c’est sa première source de revenus. Seuls les formats évoqués ci-dessus auront tendance à se faire rares, tandis que toutes les autres publicités (vidéo, bannières en haut ou sur les côtés, publireportage, etc.) continueront à s’afficher. En déclarant la guerre à la "mauvaise" publicité, Google veut par la même occasion préserver la publicité acceptable et empêcher que les internautes ne deviennent publiphobes.
Or, c’est précisément ce qui est en train de se passer avec la multiplication d’outil permettant de restreindre l’affichage des publicités et de préserver un peu les données personnelles. Les logiciels de type Ad-block sont utilisés par près de 200 millions d’internautes dans le monde et, surtout, leur nombre ne cesse d’augmenter. Facebook a d'ailleurs décidé de lui déclarer la guerre, pour l'instant en vain. Sans oublier la multiplication des navigateurs qui limitent les publicités et le suivi des internautes, à l’image de Qwant, Firefox et DuckduckGo.