Le gouvernement annonce mercredi sa stratégie nationale de recherche en intelligence artificielle, qui prévoit au total 665 millions d'euros de dépenses jusqu'en 2022 pour le budget de l'État. La ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche Frédérique Vidal et le secrétaire d'Etat au numérique Mounir Mahjoubi présenteront à Toulouse mercredi après-midi les grandes orientations de ce plan, qui reprennent des propositions du rapport présenté au printemps dernier par le député et mathématicien Cédric Villani.
De grands pôles de recherche. Selon les grandes lignes du plan présenté par le gouvernement, l'État va notamment consacrer 200 millions d'euros aux "3IA", des centres interdisciplinaires appelés à devenir les vaisseaux amiraux de la recherche française en intelligence artificielle. Quatre pôles universitaires sont candidats, à Paris, Toulouse, Grenoble et Nice. Ils sauront au début du printemps 2019 si le label "3IA", et les financements qui vont avec, leur ont été accordés, précise-t-on au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Une centaine de millions d'euros supplémentaires viendront des entreprises, les 3IA ayant vocation à rapprocher recherche publique et privée.
Le gouvernement entend par ailleurs augmenter les financements de doctorants en intelligence artificielle. Il veut à terme doubler le flux annuel de ces doctorants, qui est actuellement d'environ 250, selon le ministère. Le gouvernement prévoit également une enveloppe de 115 millions d'euros pour investir dans les superordinateurs, dont la puissance de calcul est nécessaire pour que les chercheurs puissent mener à bien leurs recherches. Le laboratoire Idris du CNRS à Saclay en région parisienne verra ainsi entrer en fonction en 2019 un nouveau superordinateur, dont une partie des capacités sera réservée à l'intelligence artificielle. La machine aura au total une capacité de calcul de 10 petaflops (soit 10 millions de milliards d'opérations par seconde).
Coopérations avec les pays européens. Le plan présenté par le gouvernement prévoit aussi 115 millions d'euros pour les coopérations, notamment avec l'Allemagne, et 100 millions d'euros pour les "Grands défis", des programmes de recherche ciblés. "L'ambition de la France est claire, il s'agit de faire en sorte, avec l'Allemagne que l'Union européenne soit capable de rivaliser avec la Chine et les États-Unis" en matière d'intelligence artificielle, explique-t-on au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Grâce notamment à sa forte tradition de recherche mathématique, la France est l'un des pays en pointe dans la recherche en intelligence artificielle. Plusieurs grands noms de la technologie mondiale sont en train d'installer ou de renforcer des équipes de recherche en intelligence artificielle en France, à l'image de Google, Samsung, IBM, Fujitsu, DeepMind ou Facebook.