Pour nous tous, être accro aux jeux vidéos signifie passer des heures seul, ou au mieux en réseau, sur le canapé du salon ? Pokemon Go, le nouveau jeu sur smartphone qui permet d'attraper de petites créatures en réalité augmentée, pourrait bien dépoussiérer notre perception des choses. Si le jeu ne doit être officiellement lancé que jeudi soir en France, un certain nombre de curieux ont déjà pu se procurer l'application grâce à diverses astuces. Et, une semaine après le début de leur expérience, beaucoup n'ont jamais passé autant de temps à l'extérieur. Certains se sont même fait des "poké-friends".
"Ça se passe dehors". "C'est le seul jeu vidéo qui peut me faire sortir de chez moi un soir de canicule, même si je suis crevée", assure à Europe 1 Anaïs, dresseuse assidue. "Avec mon copain, on serait plutôt du genre à rester à la maison. Et là, on sort, parfois pendant une heure et demi, à la 'chasse' !" Le but : trouver des pokemons, des pokéstops -lieux où l'on peut trouver divers objets nécessaires pour progresser dans le jeu -, ou encore des arènes de combat. "J'ai toujours été très jeux vidéos, mais là c'est différent", abonde Simon, qui joue au moins une heure par jour. "Tu n'es pas tout seul assis à ton bureau : déjà, ça se passe dehors. Et tout le monde voit la même chose que toi sur son écran."
Le jeu pousse certains à mettre le nez dehors, se remettre au sport ou aux ballades. Depuis quelques jours, le petit ami d'Anaïs rentre du travail en courant - et en chassant. Des sorties qui peuvent donner lieu à de belles surprises : "j'ai retrouvé l'un de mes amis d'enfance, que je n'avais pas vu depuis cinq ans, grâce à ce jeu", témoigne Antoine. "Je cherchais un Akwakwak et je suis tombé sur lui, de retour chez ses parents pour l'été, en train de couper ses haies…"
Rendez-vous dans une arène. Et lorsque les apprentis dresseurs ne tombent pas sur de vieilles connaissances, ils se rencontrent entre eux. "On sort capturer des pokémons et on voit bien que d'autres personnes ont le nez sur leur téléphone", explique Anaïs. "Alors on discute ! L'autre fois, on a croisé un mec qui nous a donné des astuces pour progresser pendant une demi-heure, c'est quand même plus sympa que d'aller sur un forum." Des chasses géantes sont d'ailleurs organisées dans plusieurs villes de France ce week-end. A Paris, le rendez-vous est fixé dimanche, à 13 heures, au pied de la Tour Eiffel.
"A ce rythme là, on ne devrait pas tarder à voir naître des 'poké-couples'... ", s'amuse Simon. "L'autre jour, je me suis arrêtée pour essayer d'en attraper un, une fille faisait la même chose à quelques mètres", raconte le jeune Parisien. "On s'est regardés, on a rigolé et puis on est restés parler quelques minutes. Je sais qu'elle n'habite pas loin, on se recroisera peut-être dans une arène." Une startup s'est déjà emparée du marché, créant Pokédates, un site de rencontres pour dresseurs. Ce dernier se charge de trouver à chaque dresseur un "pokémate", pour "chasser en duo". Quoi de plus romantique ?