La protection des données personnelles commence à entrer dans les moeurs, Spotify peut en témoigner. Le service d'écoute de musique en ligne est la cible d'une avalanche de critiques sur Internet, ses utilisateurs vivant très mal une "mise à jour" des conditions générales d'utilisation et de sa politique de protection de la vie privée dévoilée lundi. L'entreprise suédoise assure qu'il s'agit pourtant seulement de proposer de nouveaux services.
Quand Spotify veut accéder à vos photos. Dans ses nouvelles conditions d'utilisation, Spotify indique un changement de taille : par défaut, son application peut désormais accéder aux photos, au carnet d'adresses ou encore à la localisation du téléphone portable de l'utilisateur. Le tout sans donner le choix et ce même si vous êtes un utilisateur payant (tandis que - pour rappel - lorsqu'un service est gratuit, c'est que son utilisateur est le produit). Résultat, Spotify s'apprête à accéder à un grand nombre de données personnelles sans que l'on sache en quoi elles peuvent lui être utiles. Qu'un service de musique demande à pouvoir accéder à vos photographies peut en effet laisser songeur.
"Réfléchissez à ne pas faire le mal". La nouvelle a donc provoqué de vives réactions parmi ses utilisateurs et les médias spécialisés. Et pas des moindres : des sites comme TechCrunch, The Verge et Wiredont tous dénoncé ces nouvelles conditions d'utilisation. Même réprobation parmi les utilisateurs. Ainsi, l'un des créateurs du jeu Minecraft, Markus Persson dit "Notch", grande figure des nouvelles technologies en Suède, a annoncé vendredi à ses 2,4 millions d'abonnés qu'il s'était désabonné de Spotify. "En tant que client, j'ai toujours adoré votre service. Vous êtes ceux qui m'ont convaincu d'arrêter de pirater de la musique. S'il vous plaît réfléchissez à ne pas faire le mal", a-t-il écrit sur Twitter.
Spotify rectifie... en donnant le choix. Face à une telle bronca, Spotify est sorti de son silence par la voix de son patron, Daniel Ek, pour répondre à ce célèbre utilisateur désabusé. "Vous avez lu notre blog? Nous ferons une demande explicite avant d'utiliser votre appareil photo ou GPS". Quelques heures après cet échange, Daniel Ek a écrit sur le site internet de Spotify qu'il était "désolé" que les raisons de ces changements n'aient pas été bien détaillées. Ce que dément Wired, qui assure que la première mouture des nouvelles conditions d'utilisation ne prévoyait pas une telle option. Et même si l'utilisateur peut désormais refuser, une bonne partie n'y pensera pas.
Pourquoi vouloir accéder aux données personnelles ? Spotify assurait lundi que ces changements devaient aider l'entreprise suédoise à "concevoir une meilleure expérience pour [les] utilisateurs, et bâtir des produits nouveaux et personnalisés pour l'avenir". L'accès aux photos permettrait ainsi aux utilisateurs de "personnaliser une playlist en ayant une image quelconque ou une nouvelle photo de profil". L'accès au carnet d'adresses permettrait de retrouver des abonnés à Spotify pour échanger des playlists. Pourquoi pas, sauf que ces données personnelles sont devenues une mine d'or et se vendent aux annonceurs. Et que dans le même temps, Spotify traverse une phase délicate de son développement avec l'arrivée d'un puissant concurrent, l'Américain Apple. Un élément qui appuie la thèse selon laquelle Spotify était bien tenté par une exploitation de ces données personnelles. Sans oublier les risques de piratages.