La 5G arrive bientôt en France et cela fait déjà longtemps que le sujet déchaîne les passions. Il y a les partisans, il y a les opposants : beaucoup d’avis sont donnés en ce moment. Comment s'y retrouver ? Europe 1 répond à trois questions afin de mieux comprendre les enjeux du débat.
Ça y est, la 5G arrive en France. Les enchères pour l'attribution des premières fréquences doivent se tenir fin septembre, ouvrant la voie à de premières offres commerciales d'ici fin 2020. Et le sujet est déjà source d'innombrables tensions. Dans une tribune parue dimanche dans le JDD, 70 élus de gauche et écologistes demandent par exemple un moratoire, le temps de parfaire les études scientifiques sur le sujet.
"Il est tout à fait normal de se poser des questions et nous on est là pour essayer d'y apporter des réponses", a rétorqué la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, mercredi sur Europe 1, alors que le président Emmanuel Macron a balayé l'idée d'un éventuel moratoire. "Le moratoire a un intérêt à partir du moment où on n'a pas les données. Et justement on a un rapport qui est sorti hier (mardi) qui nous donne des données et qui nous précise que sur les bandes qui vont être occupées d'ici la fin de l'année il ne va y avoir en gros aucun risque si on respecte les normes," a poursuivi la ministre. Comment s'y retrouver face à ces propositions contradictoires ? Europe 1 vous aide à y voir plus clair, au travers de trois questions.
Qu'est-ce que la 5G ?
Il s'agit de la prochaine génération de réseaux de communications mobiles. Ce n’est pas une révolution mais, pour faire simple, c’est une "4G++" : avec la 5G, on aura un débit dix fois plus puissant qu’en 4G. Au lieu d’attendre une heure pour télécharger un film en HD par exemple, il suffira de quelques minutes seulement.
Pour déployer la 5G, il faudra installer de nouvelles antennes, plus puissantes et plus précises. Et pour en bénéficier, il faudra aussi un téléphone adapté, capable d’absorber les gros flux de données.
A-t-on vraiment besoin de la 5G pour rester compétitif ?
L’argument d’Emmanuel Macron, c’est que sans la 5G, on reste à "la lampe à huile", comme des "Amish", a-t-il dit.
Il y a clairement un enjeu industriel. Les usines automatisées, les voitures autonomes, la télémédecine… Tout ça, c’est l’avenir. Et ça ne marchera pas sans la 5G, d’autant que les réseaux 4G vont saturer d’ici deux ans, selon différentes estimations. Et pour cause : le trafic de données a été multiplié par dix sur les cinq dernières années.
Sur ce sujet, la France est en retard. Alors que nous en sommes encore au stade l’expérimentation, en Corée du Sud, aux États-Unis, en Chine, et même dans douze pays d’Europe, la 5G est déjà une réalité pour des millions de gens. À Bercy, le mot d’ordre est clair : "On arrête de tergiverser et on fonce".
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Pour le grand public, cela ne va toutefois pas se faire sentir tout de suite : le temps que tout se mette en place, on n'en verra pas les effets avant un à deux ans.
Et la santé alors ? Est-ce qu’il y a un risque pour notre santé à cause des ondes 5G ?
C’est LE point sensible du débat. Aujourd’hui, en 4G, le niveau médian d’exposition aux ondes en France est 150 fois inférieur au plafond fixé par la loi. Mais les opposants craignent que cela augmente avec la 5G. Le rapport remis mardi au gouvernement pose un premier jalon. En s’appuyant sur des études menées dans les pays qui ont déjà franchi le cap, il conclut que l’exposition aux ondes 5G ne présente pas de risque pour la santé. Pas de raison de s’inquiéter, en tout cas dans l’immédiat.
Car au début, la 5G va passer par des fréquences déjà utilisées par la télévision ou le wifi. On les connaît bien et aucun incident sanitaire n’a jamais été signalé. Mais, à partir de 2024, la 5G va passer sur des fréquences plus élevées. Et là, le rapport le reconnaît : on manque de données scientifiques.
Des études complémentaires, notamment de l’Agence de sécurité sanitaire, sont en cours à ce sujet. Mais les conclusions ne seront rendues que dans plusieurs mois. Et le gouvernement ne veut pas attendre aussi longtemps. "Hors de question de faire un moratoire", dit-on à Bercy. "On a déjà pris suffisamment de retard."
Ultime source d'inquiétude, et non des moindre : l'impact de la 5G sur l'environnement. "Le déploiement en France de la 5G aboutira à un 'effet rebond' par la hausse de la consommation de données et d’usage des télécommunications, synonyme d’une très forte consommation d’énergie par la sollicitation des antennes et des serveurs", peut-on lire dans la tribune parue le Journal du Dimanche. Pour les signataires, parmi lesquels Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, Éric Piolle, le maire de Grenoble, ou encore Michèle Rubirola, la maire de Marseille, le déploiement de la 5G va "exponentiellement accélérer l’exploitation de ressources naturelles non renouvelables, la pollution due à l’extraction des métaux rares, et la génération de quantité de déchet pas ou peu recyclable".
Le rapport remis mardi au gouvernement n'aborde même pas cette question, aucune réelle étude n'ayant encore été menée sur le sujet. Il devra être complété à l'avenir, le sujet promettant d'attiser les débats encore pendant de nombreuses années.