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Allemagne : Friedrich Merz finalement élu chancelier au deuxième tour par les députés

Europe 1 avec AFP - Mis à jour le . 3 min

Après un échec lors du premier tour organisé mardi matin au Bundestag, le conservateur Friedrich Merz a finalement été élu chancelier lors d'un deuxième tour qui s'est tenu dans l'après-midi après avoir récolté 325 voix sur un total de 630 députés.

Le conservateur Friedrich Merz a été élu mardi dans la douleur chancelier allemand par les députés, en étant obligé de s'y prendre à deux reprises, signe des difficultés qui l'attendent au pouvoir à un moment pourtant charnière pour son pays. Scénario sans précédent en Allemagne, il a fallu un deuxième tour de scrutin au Bundestag pour que le président du parti démocrate-chrétien (CDU) soit finalement porté de justesse au poste de chef du gouvernement.

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Le président allemand Frank-Walter Steinmeier nomme Friedrich Merz chancelier

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a officiellement nommé mardi Friedrich Merz chancelier, après son élection au deuxième tour par les députés du Bundestag. Deux mois et demi après sa victoire aux législatives, le chef des conservateurs succède au social-démocrate Olaf Scholz, à la tête d'un gouvernement de coalition nommé pour quatre ans. Mais son échec historique au premier tour de scrutin mardi matin sonne comme un sérieux couac de départ.

Une coalition fragile

À 69 ans, après avoir difficilement remporté fin février des élections législatives anticipées, Merz a obtenu 325 voix sur 630 députés, lors d'un second vote organisé dans l'après-midi et rendu nécessaire par un échec lors d'un premier tour dans la matinée, qui a créé la stupéfaction.

Alors que l'élection à bulletin secret de Friedrich Merz se présentait comme une simple formalité après la conclusion d'un accord de coalition majoritaire avec les sociaux-démocrates du chancelier sortant Olaf Scholz, il a d'abord échoué à atteindre le seuil nécessaire. Jamais dans l'histoire de l'Allemagne d'après-guerre, un candidat chancelier n'avait connu pareil sort. Dans le système parlementaire allemand, ce sont les députés qui élisent le chef du gouvernement.

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Ce revers illustre la fragilité du dirigeant démocrate-chrétien et de la coalition avec laquelle il entend gouverner la première économie européenne, dans un monde en plein chamboulement géopolitique et sous pression à la fois de l'administration Trump et sur le plan intérieur d'une extrême droite en plein essor.

Contesté dans ses propres rangs

Friedrich Merz va donc débuter affaibli son mandat de quatre ans, alors qu'il était censé apporter de la stabilité après la crise politique nationale ouverte par la chute du gouvernement Scholz en novembre. Ce coup de théâtre mine d'emblée ses promesses de relance du pays, en crise économique, et de l'Europe.

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Déjà peu populaire dans l'opinion, il est contesté dans ses propres rangs conservateurs pour être revenu sur une promesse de campagne : il a récemment assoupli les règles nationales très strictes de dépenses budgétaires. Le chancelier l'a fait pour pouvoir financer un vaste programme de réarmement du pays, face à la menace russe et celle d'un désengagement militaire américain du continent européen, et de modernisation du pays, de plusieurs centaines de milliards d'euros.

Cette élection aux forceps est "un camouflet" et "aura forcément un impact sur ses débuts en tant que chancelier et ensuite sur la période gouvernementale à venir", a indiqué à l'AFP Claire Demesmay, professeure à Sciences Po Paris et chercheuse associée au Centre Marc Bloch de Berlin.

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"Et au niveau international aussi, ce n'est vraiment pas bon signe", ajoute-t-elle, alors que Friedrich Merz est attendu mercredi à Paris et Varsovie. Le nouveau chancelier, qui doit encore être mardi officiellement investi par le chef de l'Etat et prêter serment, savait qu'il ne bénéficierait d'aucun état de grâce.

Mais il ne s'attendait pas à cette humiliation parlementaire, comme l'a laissé transparaître son visage fermé, dans les travées de l'assemblée, à l'issue du premier vote. Il lui a manqué 18 votes, signe de son incapacité à faire immédiatement le plein des voix des conservateurs et des sociaux-démocrates.

L'extrême droite en embuscade

Dans le chaos ambiant, le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) s'est frotté les mains et a immédiatement réclamé de nouvelles élections. "Nous sommes prêts à assumer la responsabilité gouvernementale", a déclaré Alice Weidel, dont le mouvement dépasse aujourd'hui dans certains sondages les conservateurs, après avoir déjà obtenu 20% aux législatives.

"Vous avez échoué, les événements de cette journée sont sans précédent dans cette chambre", lui a fait écho un autre responsable de l'AfD, Bernd Baumann. Ces turbulences surviennent alors que l'Allemagne se trouve à un moment de bascule géopolitique, contrainte de s'affranchir de la tutelle militaire d'un allié américain devenu imprévisible et de réinventer son modèle économique.

Partisan d'un soutien sans faille à l'Ukraine, M. Merz a promis un nouveau "leadership" en Europe, qui passe par un resserrement des liens avec Paris mais aussi Varsovie. Pour faire face à la menace russe, sa coalition veut poursuivre la remise à niveau de l'armée allemande. Mais aussi d'infrastructures essentielles comme les routes et les écoles, en mauvais état après des années de sous-investissement.

Sur le plan intérieur encore, Friedrich Merz entend faire reculer l'AfD en se montrant dur sur l'immigration. Son succès au pouvoir dépendra aussi de l'entente avec les alliés sociaux-démocrates qui ont obtenu des ministères clefs : les Finances pour le vice-chancelier Lars Klingbeil et la Défense où reste le sortant Boris Pistorius.