Ils n'ont pas encore de symptôme et n'en développeront même peut-être jamais. Mais la surveillance est à son maximum sur la base aérienne d'Osan, située à 150 km au sud de Séoul, en Corée du Sud. Occupée par l'armée américaine, 22 soldats y ont peut-être été exposés au bacille qui provoque la maladie du charbon, appelée aussi anthrax. La bactérie, en provenance d'un laboratoire militaire américain, aurait mal été désactivée avant d'être expédiée dans plusieurs autres laboratoires.
Utilisé pendant un exercice d'entraînement. L'alerte a été donnée quand il a été découvert que des bacilles possiblement actifs étaient utilisés lors d'une exercice d'entraînement. La base a cherché à rassurer en avançant qu'il n'existait "aucun risque" pour la population mais que "22 militaires ont peut-être été exposés". Toutefois, ils ne présentent aucun symptômes de contamination.
Décontamination. L'échantillon soupçonné d'être actif et donc dangereux a été utilisé dans un environnement de type laboratoire, au sein d'une installation autonome de l'armée. "Les équipes spécialisées en matières dangereuses ont bouclé l'installation, l'ont décontaminée et détruit les bacilles", précise le communiqué.
Des échantillons mal irradiés ? A l'origine de cette possible contamination, le laboratoire militaire de Dugway situé dans l'Utah, aux États-Unis, qui a envoyé à plusieurs autres laboratoires, dont celui de la base coréenne, du bacille de la maladie du charbon. Les différents lots avaient été irradiés afin de désactiver tous les éléments actifs. Or, le 22 mai dernier, un laboratoire du Maryland, sur la côte est du pays, constate la présence d'éléments actifs dans l'échantillon envoyé par Dugway et donne immédiatement l'alerte aux autorités.
Quatre personnes traitées aux États-Unis. En tout, des laboratoires de neufs états américains ainsi que celui de la base américaine de Corée du Sud ont reçu ces lots. Cela ne signifie cependant pas que tous contiennent des éléments actifs. Mais quatre employés "qui ont travaillé avec le bacille actif" ont quand même reçu par précaution un traitement préventif.
Le laboratoire de Dugway participe actuellement à un programme de recherche militaire qui vise à fabriquer des tests de détection de menaces biologiques utilisables sur le terrain, a expliqué le colonel Steven Warren, porte-parole du Pentagone. Il envoie pour cela des échantillons à d'autres laboratoires. "Par mesure de précaution", le département de la Défense a cependant décidé de suspendre ces envois, "dans l'attente des résultats de l'enquête".
Un précédent en 2014. En 2014, des laboratoires privés américains ont avoué plusieurs bévues de ce style dont aucune n'a donné lieu à des contaminations. Du bacille de la maladie du charbon non désactivé avait notamment été envoyé dans trois laboratoires alors que ces derniers n'étaient pas équipés pour gérer ce type de produit. Les laborantins, ignorant le danger, avaient alors manipulé sans combinaison les échantillons en question.
Le laboratoire Dugway est, pour sa part, déjà connu pour avoir en 2011 égaré un échantillon de gaz VX, une version plus mortelle du gaz sarin, rapporte le Los Angeles Times. Le lieu avait été confiné avant que finalement, la fiole soit retrouvée. Elle avait été mal étiquetée.
Une maladie potentiellement mortelle. La bactérie Bacillus anthracis provoque la maladie du charbon, essentiellement chez les herbivores et de manière accidentelle chez les humains. Chez ces derniers, elle prend trois formes qui n'entraîne pas les mêmes risques. Si la contamination se fait par la peau (95% des contaminations humaines), la maladie du charbon n'est mortelle qu'à 20% car le traitement par antibiotiques est efficace. Mais si le bacille est ingéré ou inhalé, les chances de survie sont moindres. L'anthrax est surtout connu pour ses possibles utilisation dans des attaques terroristes. En 2011, des enveloppes contenant la bactérie avaient été envoyées à des membres du Congrès américain. 22 personnes avaient alors contracté l'anthrax et 5 en étaient mortes.
En France, la maladie du charbon existe avec une dizaine de cas détectés chez des animaux.