Près de 150.000 personnes hospitalisées après la prise de médicaments. "Les chiffres (qui remontent à plusieurs années) sont déjà effrayants et il est possible que la réalité le soit encore plus." Dans son ouvrage Effets indésirables, victimes des médicaments*, la journaliste Clotilde Cadu lève le voile sur une réalité assez effrayante.
"Dans les 13.000 ou 18.000 morts constatées après la prise de médicaments, il y a un certain nombre de décès qui sont, hélas, inévitables, mais il semblerait selon les estimations de plusieurs chercheurs sur ces questions-là qu'un tiers soit évitable", relève la journaliste de Marianne. "Soit parce que le médicament n'avait pas d'efficacité ou qu'il provoquait plus d'effets indésirables que de bénéfices, ou qu'il a été mal prescrit, ou trop longtemps ou en dehors des indications. Un tiers évitable, ça fait pas loin de 6.000 personnes."
Dans son ouvrage, Clotilde Cadu évoque plusieurs dossiers sensibles de ces dernières années, comme les pilules de troisième génération, et constate une chose : "Les patients victimes de médicaments osent maintenant en parler, mais ça reste encore compliqué, il y a encore une certaine omerta. Il y a un déni". Et pour la journaliste, il s'agit là du "véritable scandale dans toute cette histoire". "Les victimes de médicaments, toutes celles qui disent : 'j'ai eu un éventuel problème avec ce médicament', on les renvoie très souvent dans les cordes, en leur disant : 'ce n'est pas possible, c'est dans votre tête','vous avez mangé quelque chose qui ne va pas', etc. C'est là-dessus que je voulais alerter, pour ces personnes laissées sur le bord du chemin", insiste Clotilde Cadu.
"Des résistances". La journaliste constate une évolution, notamment dans l'émergence d'un certain volontarisme politique sur ces questions. "J'ai l'impression qu'il y a des mesures qui sont en train de se mettre en place d'un point de vue législatif, avec la loi (Xavier) Bertrand (du nom de l'ancien ministre de la Santé, Les Républicains). Il y a la loi (Marisol) Touraine (ministre de la Santé). Après le séisme du Mediator, on a quand même renforcé des mesures en termes de transparence sur les liens que pouvaient entretenir certains médecins avec des laboratoires, que certains agents travaillant à l'agence du médicament pouvaient entretenir, ça prend du temps, parce que ce sont des choses qui sont ancrées. Mais, ça prend du temps, il y a des résistances."
*Effets indésirables, victimes des médicaments, Clotilde Cadu, Hugo Doc, 17,50 euros, disponible.