Médecin de campagne, "un métier en voie de disparition"

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Europe 1
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Le réalisateur d’"Hippocrate" était l’invité de David Abiker, dimanche, dans "C’est arrivé demain", pour parler de son nouveau film, "Médecin de campagne". Un hommage à la profession. 

Cela fait trois ans que Thomas Lilti a raccroché sa blouse. Mais ce n’est pas pour ça qu’il a laissé tomber l’univers de la médecine. Cet ancien médecin généraliste est en effet passé derrière la caméra pour narrer un monde qu’il connaît bien. Après son long-métrage, Hippocrate, consacré à l’histoire d’un jeune interne, Thomas Lilti revient avec Médecin de campagne, en salles mercredi. Il était l'invité de David Abiker, dimanche, dans "C'est arrivé demain", pour en parler.

"J’aime bien qu’on m’appelle ‘docteur’, ça me flatte un peu. […] Mais il faut accepter de perdre le titre", concède non sans humour le réalisateur. Pour autant, s'il ne fait plus de consultations, il n'a pas tout à fait abandonné ses réflexes de médecin :"Il y a tellement d’hypocondriaques autour de moi que je suis toujours amené à faire un petit diagnostic pour rassurer", confie en riant Thomas Lilti, lui-même fils de médecin.

"Le médecin de famille est un trésor". Dans Médecin de campagne, le docteur Jean-Pierre Werner, campé par François Cluzet, a tout sacrifié pour assurer son métier en plein cœur de la Normandie, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Jusqu'au jour où il tombe malade, et doit accepter d'être secondé par Nathalie Delezia, jouée par Marianne Denicourt. Si Thomas Lilti a choisi de consacrer son troisième long-métrage à cette figure du généraliste en milieu rural, c'est parce que "c'est un métier en voie de disparition, cette façon de pratiquer la médecine - qui n’est pas nécessairement spécifique de la campagne".

Or, "le médecin de famille est un trésor. Cette médecine de proximité, où c'est plus qu'un médecin : un confident, un ami, un compagnon, un psychanalyste, un assistant social, tout ça...", insiste le quadragénaire. Le réalisateur a aussi souhaité rendre hommage à l'engagement dont font preuve au quotidien ces praticiens. "C’est une magnifique médecine qui nécessite des qualités humaines incroyables. Ces gens qui sont dans le dévouement, dans le don de soi, qui participent au lien social, c’est ça qui m’a donné envie de faire un film sur ce sujet", développe l'ex-médecin. 

Une pratique médicale "très sacrificielle". Aujourd'hui, le statut de médecin généraliste est d'ailleurs loin de séduire les étudiants en médecine. "C’est une pratique très sacrificielle, il est difficile de la cumuler avec une vie sentimentale, une vie de famille", explique l'ex-médecin. "Il faut trouver un moyen de rendre encore possible cette pratique à la campagne, de façon moins sacrificielle, et surtout, moins solitaire", avance Thomas Lilti, si l'on souhaite éviter les déserts médicaux. 

"Décrire la médecine de proximité comme un artisanat". "Le médecin généraliste fait partie de ces gens, tels le maire, le facteur, certains services municipaux, qui sont les rares contacts pour certaines personnes qui vivent relativement isolées, notamment les personnes âgées", se souvient-il au sujet de ses années de pratique. "J’ai eu envie de rendre compte de cela dans le film. D’où l’importance de cette médecine dite de proximité, que j’essaie de décrire comme un artisanat", poursuit-il.

"Un film engagé". Thomas Lilti le reconnaît d'ailleurs lui-même, Médecin de campagne est "un film engagé". "Je donne mon point de vue, mon avis, sur la question médicale, sur cette problématique des déserts médicaux qui nous concerne tous". Un engagement réussi pour celui qui pense que "que le collectif est la solution."

>> Retrouvez l'émission de David Abiker, "C'est arrivé demain", dans son intégralité, en cliquant ici.