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SAISON 2020 - 2021

Après la mort de l’empereur Commode en 192, le chapitre du Haut-Empire Romain se referme. La période suivante s’appelle moins glorieusement le Bas-Empire. Rome est alors menacée de toutes parts… Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l’Histoire", Jean des Cars raconte la chute de l’Empire ​romain ​d'Occident.

A partir de 193, les empereurs de Rome sont imposés au Sénat par l’armée. En conséquence, les différentes factions romaines se déchirent pour le pouvoir… Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'histoire", Jean des Cars termine le récit de la lente chute de l’Empire ​romain​d'Occident. 

Les historiens considèrent qu’avec la mort de l’empereur Commode en 192 s‘achève une période commencée avec Auguste qu’on appelle le Haut-Empire. C’est une époque d’expansion de l’Empire mais surtout de cohésion même si tous les empereurs n’ont pas été à la hauteur de leur tâche. 

La période suivante s’appelle, moins glorieusement, le Bas-Empire. Rome est alors menacée de toutes parts. Elle subit la pression des barbares Germains sur le Rhin. D’autres tentatives d’invasion se succèderont : celle des Alamans, des Francs, des Saxons, des Burgondes et enfin des Vandales. En Asie Mineure, ce sont les Perses qui remplacent les Parthes sur l’Euphrate et se révèlent de redoutables adversaires. 

C’est désormais l’armée qui va imposer ses empereurs au Sénat, qui perd toute autorité. Les diverses armées romaines des nombreuses provinces veulent chacune nommer l’Empereur, provoquant des guerres civiles et l’anarchie. Pourtant, au début du IIIe siècle, Septime-Sévère réussit à prendre le pouvoir, soutenu par l’armée d’Illyrie (aujourd’hui la Dalmatie) puis par les autres armées de l’Empire. En 193, il entre triomphalement dans Rome, se débarrasse de tous ses rivaux et adversaires en faisant régner la terreur et en massacrant “tous les ennemis du peuple romain”. Cet Africain bouscule les traditions romaines qu’il connaît mal. Il s’entoure de Syriens et fait de sa Cour le carrefour des intellectuels orientaux. Il encourage les cultes orientaux et tente d’enrayer les progrès du christianisme. Sous son règne, il y a des persécutions à Carthage avec les martyres de sainte Perpétue et Sainte Félicité. 

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En 208, Septime Sévère part en campagne en Bretagne pour mettre fin aux incursions des Ecossais le long du Mur d’Hadrien, vers l’Angleterre actuelle. Il meurt au cours de l’expédition. Ses deux fils vont lui succéder conjointement, Caracalla et Geta. Caracalla va rapidement assassiner son frère. Plus de 20.000 personnes vont périr sur son ordre pour avoir manifesté des regrets lors de la mort de Geta… Cet Empereur étrange est cruel et sans scrupule. Très ambitieux, il se voit comme un nouvel Alexandre. Ce grand bâtisseur a laissé à Rome de beaux monuments, notamment les Thermes, qui portent son nom.

Le grand apport juridique de son règne est le fameux "Edit de Caracalla" en l’an 212. Dans le but d’unifier l’Empire et d’augmenter les ressources fiscales, il accorde la citoyenneté romaine à toutes les provinces. Tous les habitants de l’Empire, exceptés les esclaves et les barbares, deviennent citoyens de plein exercice.

Cet empereur venu d’Afrique va battre les Barbares Alamans en Germanie. Mais il est assassiné par le chef de sa Garde lors d’une campagne en Mésopotamie.

Le retour de l'anarchie 

C’est le retour de l’anarchie. Certaines provinces tentent d’affirmer leur autonomie face à l’Empire. Une première tentative en Gaule est étouffée. Une autre, à Palmyre, provoque l’intervention de l’empereur Aurélien. En effet, à Palmyre la reine Zénobie, extrêmement ambitieuse, défie la puissance romaine en Orient. Les troupes de la reine avancent en Anatolie jusqu’au Bosphore. À l’ouest, elles franchissent la chaîne des Monts Liban et s’installent dans le delta du Nil. Zénobie fait proclamer son fils roi d’Egypte. Laissons l’historien Gibbon nous la décrire : "Zénobie était encore la plus belle des femmes. Elle avait le teint brun, les dents d’une blancheur éclatante, une voix forte et harmonieuse, de grands yeux noirs dont une douceur attrayante tempérait la vivacité. L’étude avait éclairé son esprit, et en avait augmentée l’énergie naturelle. Elle n’ignorait pas le latin mais elle possédait au même degré de perfection le grec, le syriaque et la langue égyptienne."

Aurélien s’inquiète de la menace de ce royaume qui défie l’Empire. Cet empereur est l’archétype de l’homme qui s’est fait lui-même. Fils d’un pauvre paysan de l’Adriatique, il entre à l’âge de 20 ans dans l’armée et fait une grande carrière de soldat en combattant les Barbares qui ne cessent d’envahir l’Empire. Il contribue à l’avènement de Claude II qu’on surnomme le Gothique car il avait vaincu les Goths, autres envahisseurs. 

A la mort de Claude II en 270, Aurélien devient empereur. Militaire énergique, il veut reconstituer l’Empire Romain qui est en pleine anarchie. Il refoule d’abord au nord-est, les Vandales, au nord les Alamans avant d’attaquer Palmyre. Il l’assiège en 270 et la reine Zénobie est contrainte de capituler. A Rome, en 272, Elle apparaitra enchaînée au triomphe de son vainqueur.

Mais son charme avait dû toucher Aurélien car au lieu de la faire exécuter après son triomphe, selon l’usage, il lui fait généreusement don d’un domaine près de Tibur, non loin de Rome où elle vivra le restant de ses jours.

Après Aurélien, l’Empire vit sous la menace permanente des Barbares. Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir de Dioclétien pour qu’il se redresse.

Le redressement de l’Empire 

D’origine très modeste, Dioclétien est un Illyrien, né près de Salone, aujourd’hui Split, en Croatie. Il s’élève peu à peu dans la hiérarchie militaire et devient consul sous le règne d’Aurélien. Après la mort de l’empereur Numérien en 284, il est proclamé empereur par ses soldats. L’année suivante, il associe Maximien au trône. Il y aura donc deux empereurs, Maximien pour l’Occident et Dioclétien pour l’Orient. Il considère que l’Empire est trop vaste pour être gouverné par un seul homme. 

On peut se rappeler que le même partage avait été fait entre Octave et Marc-Antoine et s’était terminé par le triomphe d’Octave. Dioclétien est doté d’une puissante énergie : il se donne pour mission de réformer l’Empire en établissant une monarchie absolue centrée sur le souverain, considéré comme une personne sacrée et quasi divine. 

Il organise aussi une décentralisation administrative et militaire. Il repousse à nouveau les Germains mais surtout, en Orient, il conclut une alliance avec le roi de Perse qui lui permet de reprendre une partie des territoires de Mésopotamie et d’étendre le protectorat de Rome sur l’Arménie. 

Dioclétien va encore innover en adjoignant au pouvoir, en 293, deux autres empereurs. Ce sera l’instauration de la Tétrarchie. C’est donc un gouvernement à quatre qui s’installe : Dioclétien pour l’Orient, Maximien pour l’Italie et l’Afrique, qui ont tous deux droit au titre d’Auguste. Dioclétien nomme encore deux Césars : Constance pour la Bretagne, la Gaule et l’Espagne et Galère pour les régions danubiennes. Mais Dioclétien se réserve bien sûr la suprématie sur l’ensemble. 

Cela va bien fonctionner : il impose le culte impérial à tout l’Empire pour faciliter son unification. C’est là qu’il va se heurter aux chrétiens : alors qu’ils les avait laissé exercer leur culte en paix, il commence en 303 des persécutions d’une extrême violence. Elles vont durer dix ans.

Vieilli et usé, Dioclétien abdique en 305, en même temps que Maximien. Il se retire près de Salone dans l’immense palais qu’il a fait construire sur la côte dalmate. Il est entouré de remparts, doté de vastes sous-sols et donne directement sur la mer. Aujourd’hui, Salone est devenue la ville de Split, l’une des plus belles de l’Adriatique. Remaniée par les Vénitiens qui y avaient un comptoir, l’empreinte du palais impérial est restée aussi omniprésente que fascinante… 

Après l’abdication de Dioclétien, les nouveaux Césars entrent immédiatement en compétition. De son vivant, Dioclétien verra l’échec du système de la tétrarchie. Les guerres civiles recommencent jusqu’à l’arrivée au pouvoir, en 306, de l’empereur Constantin.

Avec Constantin, l’Empire devient chrétien

Dans sa jeunesse, Constantin s’était battu en Asie, sur le Danube et sur le Rhin. Il savait que pour l’Empire le principal danger venait de l’est. Il fait donc défendre les frontières menacées. Pour cela, il rétablit l’unité impériale : la tétrarchie a vécu, il n’y aura plus qu’un seul empereur après qu’il ai battu Licinius qui régnait sur l’Orient, à la bataille d’Andrinople en 323. 

Mais dix ans auparavant, en 313, il avait déjà promulgué l'édit de Milan qui accorde aux chrétiens le droit de pratiquer leur religion. Très rapidement, le christianisme devient l’objet d’une protection particulière puisque Constantin lui-même se convertit. Dès 324, il prend les premières mesures contre le paganisme : en 325, il convoque et préside le premier Concile oecuménique à Nicée. L’Eglise s’insère peu à peu dans les cadres de l’Etat. En contrepartie, elle accepte que l’Etat intervienne dans ses affaires. La législation elle-même commence à refléter l’esprit chrétien. 

Autre évènement essentiel du règne de Constantin, en 330 il transporte la capitale impériale à Byzance qu’il avait déjà fait magnifiquement reconstruire. La ville prend alors le nom de Constantinople. 

Constantin est souvent considéré comme le champion de l’unité de l’Empire. Et pourtant, à sa mort, il sera, à nouveau,  partagé entre cinq héritiers, ses trois fils et ses deux neveux. La crise éclate aussitôt. Une fois de plus, les luttes qui vont se succéder affaibliront et ruineront l’Empire. Elles accélèreront sa division entre Occident et Orient, ce qui facilitera la tâche des Barbares.

La dislocation de l’Empire Romain

L’empereur Théodose va consacrer la christianisation définitive de l’Empire. Les cultes païens sont interdits, on supprime les vestales et les prêtres. Les biens des temples sont confisqués. 

Cette conversion totale va, paradoxalement, affaiblir l’Empire. Les dirigeants romains y sont hostiles et la masse paysanne est plutôt rebelle au nouveau culte. Le christianisme ne réussira pas à faire l’union contre les barbares. Pourtant, jamais la menace n’a été plus grande…  

L’invasion des Huns en Europe précipite l’arrivée massive des Germains dans l’Empire romain. En 406, la frontière du Rhin n’empêche pas l’arrivée en Gaule des Suèves, des Vandales et des Burgondes. Le chef des Wisigoths, Alaric, après avoir ravagé les Balkans et la Grèce, s’empare de Rome en 406. Les Vandales s’établissent en Espagne avant de se rendre maîtres de la méditerranée occidentale. L’invasion d’Attila et des Huns est brisée en 451 aux Champs Catalauniques. Les Vandales, débarqués en Italie, pillent Rome en 455. 

En 476, Odoacre, chef des Hérules, dépose le dernier empereur romain d’Occident, le tout jeune Romulus Augustule. Au XIXe siècle, le peintre d’histoire Jean-Paul Laurens a illustré  la fin de l’Empire Romain d’Occident par cette image forte : un petit garçon terrorisé, cramponné aux accoudoirs de son trône. Toutefois, Odoacre renvoie les insignes impériaux en hommage aux empereurs d’Orient qui règneront à Constantinople jusqu’en 1453.

La fin de l’Empire d’Occident ne signifie donc pas la fin de l’Empire romain. Les envahisseurs barbares sont très minoritaires au sein de l’Empire. Et les empereurs qui règnent à Constantinople vont se considérer comme les souverains de droit de tout l’ancien territoire romain. C’est ainsi que Justinien partira avec succès à la reconquête de l’Occident. L’Europe du Moyen-Âge, elle, restera hantée par la mystique de l’idée impériale. Charlemagne et Othon le Grand apparaîtront alors  comme les héritiers naturels de l’Empire Romain.

 

 

 

Ressources bibliographiques :

Edward Gibbon, Histoire du déclin et de la chute de l’Empire Romain (Traduit de l’anglais par M.F. Guizot, 1983, Robert Laffont)

Michel Mourre, Dictionnaire encyclopédique d’histoire (1978, Bordas)

 

 

"Au cœur de l’Histoire" est un podcast Europe 1 Studio

Auteur et présentation : Jean des Cars
Production : Timothée Magot
Réalisation : Jean-François Bussière 
Diffusion et édition : Clémence Olivier et Salomé Journo 
Graphisme : Karelle Villais