Après être tombée dans l’oubli, l’histoire de la révolte de Spartacus a été remise au goût du jour par les penseurs des Lumières. Au 20ème siècle, le gladiateur a aussi inspiré le cinéaste Stanley Kubrick. Découvrez cette histoire dans cet épisode bonus de "Au cœur de l'histoire".
En écoutant le récit consacré à Spartacus vous avez peut-être eu envie d'en savoir plus sur l'héritage du gladiateur. Dans cet épisode bonus de "Au cœur de l'histoire", le spécialiste histoire Jean des Cars vous raconte comment le chef de guerre a marqué l'histoire et inspiré des hommes et des femmes plusieurs siècles après sa révolte.
Le destin, hors-norme, de Spartacus a frappé ses contemporains moins d’un siècle avant l’ère chrétienne. Il a aussi frappé les auteurs latins des siècles suivants, comme Tacite sous le règne de Néron, qui se sont intéressés à raconter son épopée. Puis, Spartacus a été totalement oublié du 5ème au 18ème siècle.
C’est au Siècle des Lumières, en 1760, qu’un ami de Voltaire, Saurin, lui consacre une pièce. C’est un grand succès. L’auteur est élu à l’Académie française. Les défenseurs de la cause des esclaves noirs en font par la suite un porte-drapeau.
Un symbole de la lutte anti-capitaliste
Plus tard, la socialiste allemande d’origine polonaise Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, révolutionnaires berlinois en 1918 et 1919, qualifient leur mouvement de "Ligue Spartakiste". Il devient un symbole de la lutte anti-capitaliste et l’URSS appelle "Spartakiades" les Olympiades soviétiques tandis que le club moscovite de football s’appelle le "Spartak".
Dans le camp occidental, deux auteurs britanniques, Arthur Koestler en 1939 et Howard Fast en 1951, vont chacun lui consacrer une biographie, en partie romancée. L’un et l’autre accordent une dimension biblique sinon christique au personnage de Spartacus. Ils le comparent à Moïse quand Spartacus tente de faire franchir à ses troupes d’abord le Pô en Italie du nord, puis le Détroit de Messine. Malheureusement, dans ces deux cas, les eaux ne se sont pas ouvertes et retirées pour laisser passer Spartacus et son armée.
Le spectaculaire film de Kubrick
Quant au côté christique, évidemment, il s’inspire de la crucifixion des 6.000 survivants de l’armée de Spartacus. Mais les auteurs oublient que Spartacus n’a pas été crucifié. Il est mort au combat, sur le champ de bataille. D’autre part, dans la République romaine, la crucifixion était le châtiment des esclaves qui avaient tenté de s’enfuir mais qui avaient été rattrapés.
Bien sûr, en 1960 le spectaculaire film de Stanley Kubrick a beaucoup contribué à la légende du héros. Le film est rempli d’erreurs historiques ; mais après tout, comme on ne connaît pas grand-chose de la vie de Spartacus, la fiction a bien le droit de s’introduire dans une pareille aventure. Il suffit de le savoir.
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"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio
Auteur et présentation : Jean des Cars
Cheffe de projet : Adèle Ponticelli
Réalisation : Laurent Sirguy et Guillaume Vasseau
Diffusion et édition : Clémence Olivier
Graphisme : Europe 1 Studio
Bibliographie : Eric Teyssier Spartacus, entre le mythe et l’histoire (Perrin 2012, réédition collection Tempus, 2017).