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SAISON 2019 - 2020

A la fin du 19ème siècle, les Préraphaélites, un mouvement artistique en rupture avec la peinture de la Renaissance prirent pour cible les oeuvres du peintre Raphaël. Découvrez cette histoire dans cet épisode bonus de "Au cœur de l'histoire".

En écoutant le récit consacré à Raphaël, vous vous êtes peut-être demandé quel était le rapport entre le peintre de la Renaissance et le mouvement des Préraphaélites. Dans cet épisode bonus de "Au cœur de l'histoire", Jean des Cars revient sur la naissance de ce mouvement artistique porté par de jeunes trublions anglais. 

Savez-vous pourquoi de jeunes trublions anglais fondèrent au 19ème siècle un mouvement artistique, en rupture avec la peinture officielle, et choisirent de s’appeler les Préraphaélites ? Pour qui aime Raphaël, la réponse est décevante : ces jeunes peintres, qui refusaient l’enseignement de la Royal Academy, l'École des Beaux-Arts de Londres, détestaient Raphaël ! Ils critiquaient violemment son tableau La Transfiguration, conservé au Vatican mais dont la National Gallery exposait un copie. A cette oeuvre, ils reprochaient de manquer de simplicité et de vérité. Ils trouvaient que les Apôtres posaient de façon pompeuse. Quant au Christ, pour eux, il manquait de spiritualité…

Rubens également visé

Comme toujours, quand un mouvement artistique tente de s’imposer, il charge violemment ce qui ne lui plaît pas. Ce sera le cas, plus tard, pour les impressionnistes et la peinture dite "pompier" et plus récemment encore, au cinéma, les critiques de la Nouvelle Vague ridiculisant des metteurs en scène qui, pourtant, n’avaient pas démérité.

De là où elle se trouvait, l’âme de Raphaël a pu se consoler en se disant qu’il n’était pas en si mauvaise compagnie : la seconde bête noir des Préraphaélites était Rubens ! De manière un peu infantile, l’un des plus brillants représentants des Préraphaélites, Dante Gabriel Rossetti, recommandait, pour un ouvrage d'histoire de l’art, de systématiquement cracher dessus chaque fois que le nom de Rubens était mentionné !

Pour eux l'art médiéval était le modèle à suivre

Pour ce groupe de peintres, la période qui a précédé la Renaissance, l'art médiéval, était le modèle à suivre en raison de sa probité et de sa liberté artistique. Au milieu du 19ème siècle, le gothique était à la mode partout en Europe. En France, Viollet-le-Duc allait bientôt restaurer Notre-Dame de Paris. En Bavière, le père du futur roi Louis II réinventait un château médiéval, Hohenschwangau, à la frontière autrichienne.

En Grande-Bretagne, l’écrivain Walter Scott était très apprécié. La reine Victoria faisait réhabiliter des cathédrales gothiques et reconstruire le Parlement. Cet édifice, rebâti de 1840 à 1865, après un incendie, est devenu un des symboles de la ville de Londres et l’apothéose du style néo-gothique.

Si les Préraphaélites ont sans doute eu tort de s’acharner sur Raphaël et ses œuvres, ils ont cependant tous été de grands peintres. De Millais à Rossetti, de William Holman Hunt à Burne-Jones, ils ont été immensément créatifs. Leur peinture, inspirée du Moyen-Age, illustrant des œuvres de Shakespeare, les légendes des chevaliers de la Table Ronde ou des poèmes de Keats, ont inventé un art typiquement britannique. Un art qui allait au-delà de la peinture, jusque dans les décors intérieurs, grâce à William Morris, avec ses Arts and Crafts pour rénover les arts décoratifs. Parfois, il faut essayer de "tuer le père" pour exister. Les Préraphaélites ont réussi à exister et existent toujours. Mais ils n’ont réussi à tuer ni le génie de Raphaël ni celui de Rubens.

 

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"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio

Auteur et présentation : Jean des Cars 

Cheffe de projet  : Adèle Ponticelli

Réalisation : Laurent Sirguy

Diffusion et édition : Clémence Olivier

Graphisme : Europe 1 Studio