Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les événements qui ont marqué la date du jour.
Nous sommes aujourd’hui le 26 décembre, lendemain de Noël ; est-ce que cette date vous dit quelque-chose ?
Cela me rappelle le 26 décembre 1792, chère Emilie dernier jour de son procès de Louis XVI, devenu pour ses juges simplement Louis Capet. Son avocat, Raymond de Sèze prononce sa plaidoirie appelée à marquer. Cela fait deux semaines que le procès a commencé. Inutile de vous dire que les députés chargés de juger l’ancien roi ne sont pas vraiment bienveillants à son égard. Il est condamné d’avance. Il bénéficie tout de même d’avocats : Malesherbes, Tronchet et Target. Mais ce dernier se récuse. Il se trouve trop vieux et en mauvaise santé. Et il est vrai qu’il faut être en forme pour assurer cette sorte de défense ! Ce n’est pas sans risque. C’est donc Raymond de Séze qui le remplace.
Mais de quoi accuse-t-on Louis XVI ?
Oh vous avez l’embarras du choix. On a retenu pas moins de 42 chefs d’accusation ! Mais pour résumer, on l’accuse de trahison. Et les pièces du dossier ne manquent pas. Parmi elles, des documents trouvés dans une armoire de fer dissimulée dans les murs au palais des Tuileries. Plus de 600 documents. Des correspondances du roi avec des ennemis de la révolution, notamment. Les papiers n’ont pas le temps d’être lus en entier, mais ce n’est pas nécessaire : tout accuse ce roi bien encombrant. Dans la nuit, Raymond de Sèze rédige sa plaidoirie. Et ce 26 décembre 1792, voici les mots qui résonnent dans la salle du manège : "Citoyens je vous parlerai avec la franchise d’un homme libre : je cherche parmi vous des juges, et je n’y vois que des accusateurs ! […] Français, la révolution qui vous régénère a développé en vous de grandes vertus ; mais craignez, qu’elle n’ait affaibli dans vos âmes le sentiment de l’humanité, sans lequel il ne peut y en avoir que de fausses !".
Mais, comme on le sait, cette plaidoirie ne sera pas suffisante pour éviter au roi la guillotine…
Certes. A l’issue du procès, les députes se prononcent à 387 voix sur 721 pour la mort du roi. Le 21 janvier suivant, Louis XVI sera décapité.