Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les évènements qui ont marqué la date du jour.
Nous sommes le 29 mai 2017, mais en quel 29 partons-nous ?
Le 29 mai 1825, à Reims, pour le dernier sacre royal : celui de Charles X.
À Reims, comme pour tous les sacres des rois ?
Oui, si l’on excepte Henri IV, sacré à Chartres. Le sacre de Reims était l’apanage des rois de droit divin. Or, même après la Révolution, les frères de Louis XVI, Louis XVIII puis Charles X, restaient des rois de droit divin. Le premier, pour des raisons à la fois symboliques et personnelles, avait fait l’économie du sacre ; Charles X, lui, assume pleinement la tradition sacrale de la royauté française ; n’oublions pas qu’il avait été l’âme de la contre-révolution, le chef du parti ultra. À la fin de l’Ancien Régime, au lendemain de la prise de la Bastille, c’est lui encore qui avait donné le signal de l’émigration à la noblesse, cherchant des soutiens auprès de toutes les monarchies d’Europe.
Il veut revenir à l’Ancien régime ?
Exactement. Voilà pourquoi le sacre revêt une importance capitale pour lui. La cérémonie est fastueuse. Les bâtiments ont été restaurés, des sommes considérables ont été investies en décors. Charles X s’offre même le luxe de commander à Rossini un opéra, Le voyage à Reims. Et puis n’oublions pas son carrosse. Les meilleurs artisans, dirigés par l’architecte Percier, ont conçu une voiture majestueuse. Le carrosse, orné de sculptures de bronze, est entièrement couvert de feuille d’or. Il est si lourd qu’il faut huit chevaux pour le tirer au pas ! L’habitacle est à l’avenant : quatre places en vis-à-vis dans un écrin de velours de soie cramoisie, de passementeries et torsades de fils d’or. Il est visible aujourd’hui dans les écuries du château de Versailles.
Tout cela n’a pas dû plaire beaucoup au peuple ?
Pas trop. La fermeture d’esprit de Charles X mènera son trône à la ruine. En 1830, sa politique déclenche la révolution de juillet, dite des Trois Glorieuses. Le roi sacré mourra en exil, en 1836, à Goritzia, sur l’actuelle frontière slovène où son corps se trouve toujours.