Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les évènements qui ont marqué la date du jour.
Nous sommes le 3 décembre 1951
Le jour où Louis Poirier, alias Julien Gracq, obtient le prix Goncourt… Et le refuse !
Pourquoi n’en veut-il pas ?
Gracq n’aime pas ce qu’est devenu le monde de l’édition. Il dénonce notamment le fait que les critiques s’intéressent plus à l’auteur et à sa personnalité qu’à l’œuvre en elle-même. D’ailleurs, il ne s’en cache pas. Il avait publié un an plus tôt un pamphlet intitulé La littérature à l’estomac dans lequel il brocardait ce glissement, ainsi que les préjugés sempiternels des critiques professionnels. Mais quand il publie son troisième roman, Le rivage des Syrtes, à l’automne 51, la Presse n’en applaudit pas moins ; l’on murmure qu’il pourrait bien obtenir le prix Goncourt.
L'Académie Goncourt devait bien savoir qu’il allait refuser le Prix…
Sans doute, puisque dans une interview, il avait affirmé haut et fort qu’il n’était résolument pas candidat ! Pourtant, ce 3 décembre 1951, chez Drouant comme il se doit, Raymond Queneau annonce à la foule des journalistes : "Le prix Goncourt est attribué à Julien Gracq, pour le Rivage des Syrtes". Et dans la foule, on apprendra donc que le prix est refusé.
Pourquoi le lui avoir attribué, dans ce cas ?
Parce que, déclare un juré à l’époque : "Nous avons jugé que ce livre était le meilleur de l'année. Nous le disons, un point c'est tout". D’une certaine manière, le jury a décidé de faire preuve d’autant de rigorisme que Gracq. Et d’un même sens de la publicité… Malgré lui, Julien Gracq aura contribué à la légende du prix qui se nourrit de ce type de petits scandales. On se souvient également de Romain Gary, déjà lauréat du prix en 1956, qui le gagna une deuxième fois sous le nom d’Emile Ajar ! Mais ça, c’est toute une autre histoire…
L’histoire, on la retrouve tout à l’heure à 14 heures, sur Europe1.
Nous évoquerons une des plus grandes dames de l’histoire de France, injustement méconnue : Louise de Savoie !