Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les événements qui ont marqué la date du jour.
Nous sommes aujourd’hui le 30 décembre ; est-ce que cela vous dit quelque-chose ?
Cela me rappelle le 30 décembre 1916 (calendrier grégorien), il y a donc un siècle. A Petrograd, Saint-Petersbourg si vous préférez, on assassine Gregori Iefimovitch Raspoutine !
Un personnage très étrange, ce Raspoutine…
Le mot est faible. Physiquement, d’abord, avec son long visage buriné, sa barbe noire hirsute et son regard hypnotique et terrifiant. Mais aussi moralement. Il se présente comme Starets, autant dire mystique et guérisseur. Or, ce "moine fou" va se faire une place au soleil, au cœur de la famille impériale. Un jour, le tsarévitch, fils de Nicolas II, atteint d’hémophilie, se blesse. Raspoutine est conduit à son chevet, il lui impose les mains, on ne sait pas trop ce qu’il lui prodigue, mais toujours est-il que le jeune prince va mieux. Dès lors, l’influence du mage au sommet de l’Etat – et spécialement auprès de l’impératrice – ne va cesser de croître.
Et c’est ce qui fera sa perte, j’imagine…
Oui. Après des années, et alors que la guerre – en est en 1916 – a éloigné le tsar de Petrograd. La haute noblesse déteste le starets. Le beau prince Félix Ioussoupov, notamment, qui se dit son ami, l’invite en son palais. En arrivant, Raspoutine est conduit au sous-sol où on lui sert des gâteaux et un verre de vin, le tout assaisonné au cyanure. Le bonhomme avale tout sans sourciller, à peine se racle-t-il un peu la gorge.
Excédé, Ioussoupov finira par se saisir d’un pistolet et tirer sur Raspoutine. Qui tombe sous le coup, puis se relève et s’enfuit ! Décidément, il est immortel, se dit le prince. On se lance à sa poursuite. On lui tire une balle dans la tête. Les assassins ligotent le corps et le jettent dans le canal ; eh bien, en le repêchant, on constatera que cette force de la nature est morte …de noyade ! Il y aurait tant à vous dire sur cet assassinat !