34 pays majoritairement musulmans se sont unis pour lutter contre le terrorisme à l'initiative de l'Arabie Saoudite.
34 pays majoritairement musulmans se sont donc unis pour lutter contre le terrorisme. C’est l’Arabie Saoudite qui a pris l’initiative de cette nouvelle coalition qui rassemble des pays arabes, africains et asiatiques. Avec l’objectif de combattre tous les groupes terroristes. Et cette annonce est plutôt une bonne nouvelle.
A priori oui, il y a toutes les raisons de s’en féliciter, même si le vice-prince héritier Mohammed, le jeune ministre saoudien de la Défense a un peu pris tout le monde de court en organisant une conférence de presse, ce qui n’est pas vraiment l’usage à Ryad. Mais ne soyons pas plus royaliste que le prince... A l’entendre, cette coalition a pour objectif de lutter militairement mais aussi idéologiquement contre les terroristes. Et c’est une bonne chose de constater que l’Arabie Saoudite veut s’attaquer à la question du terrorisme islamiste dans tous ses aspects, y compris dans le domaine des idées, ça veut dire en clair de la religion. D’ailleurs, l’Université Al Azhar du Caire, la plus haute autorité de l’islam sunnite a elle aussi appelé tous les Etats musulmans à y prendre part. L’autre point positif, c’est évidemment l’ampleur de ce rassemblement, qui réunit des poids lourds du monde musulman, notamment sur le plan militaire, comme l’Égypte, la Turquie ou la Jordanie. Mais aussi des pays clé comme le Liban ou la Libye. Et il y a même des surprises, comme le Bénin en Afrique, qui n’est pas un pays à majorité musulmane… Maintenant, au-delà du symbole et au-delà de cet affichage de bonnes intentions, toute la question est de savoir si ce nouvel attelage va vraiment se retrouver dans l’action. Ou bien s’il va rester, comme tant d’autres avant lui, une simple coquille vide.
Est-ce qu’on en sait plus sur les structures de cette nouvelle alliance ?
Alors pour l’instant, à vrai dire, c’est encore assez flou. La coalition aurait un centre de commandement situé à Ryad, qui serait chargé de faciliter les échanges d’information ou de renseignement. Mais aussi de créer des outils pour contrer la propagande de Daesh et des autres groupes jihadistes, notamment sur les réseaux sociaux. Il est également question de la formation, de l’équipement, et même de l’envoi de forces. Mais quelles forces, sur quel terrain, et avec quels objectifs précis, ce n’est pas encore défini. De plus, contrairement à ce qui a été annoncé hier, le Pakistan et la Malaisie ont démenti avoir donné leur accord. Ce qui laisse le sentiment d’une certaine précipitation.
On reproche souvent à l’Arabie Saoudite sa proximité avec un certain nombre de groupes radicaux islamistes ? Cette annonce n’est-elle pas seulement un coup de com ?
Il est évident que l’Arabie Saoudite cherche à redorer son blason dans le camp occidental, où on lui reproche à juste titre son attitude ambiguë, et parfois même bienveillante à l’égard des islamistes radicaux. Cette coalition, c’est une façon pour elle de sauver la face, et de répondre à l’attente de ses partenaires qui l’accusent de ne pas en faire assez, comme le président Obama vient de le répéter. Mais derrière cet objectif de circonstance, il y a aussi une stratégie à plus long terme. L’Arabie Saoudite veut maintenir son leadership sur le monde musulman dont elle est je vous le rappelle le gardien des Lieux Saints. Elle veut surtout rester la référence de tous les sunnites. Et c’est pour elle une priorité absolue.
Il y a justement un grand absent dans cette coalition, c’est l’Iran. Est-ce que ça ne limite pas déjà la portée de cette initiative ?
En tous cas, c’est la preuve évidente que la lutte contre le terrorisme va encore longtemps pâtir de cette confrontation majeure entre les camps chiites et sunnites. On le voit très clairement au Yémen, où l’Arabie Saoudite s’est enlisée dans une guerre sans issue, qui a permis aux groupes jihadistes d’étendre leur influence. Et c’est bien sur la même chose en Irak ou en Syrie. Ce conflit entre l’Iran et l’Arabie Saoudite est une calamité pour les peuples de la région. Et c’est aussi le principal combustible, la meilleure arme de Daesh et des autres.