15 membres du gouvernement candidats aux Régionales : est-ce bien raisonnable ?

2:36
  • Copié

Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse à la multitude de ministres et de secrétaires d'État qui se sont déclarés candidats pour les élections régionales de juin prochain.

On connaît depuis ce lundi les listes de candidats pour les élections régionales et départementales de juin prochain. Parmi eux, on compte 15 ministres et secrétaires d’État.

C’est Emmanuel Macron lui-même qui a encouragé les membres de son gouvernement à se présenter sur les listes, avec un argument solide : quand on fait de la politique, rien ne vaut la confrontation avec le suffrage universel. Et c’est vrai qu’il y a parmi ces nouveaux candidats des hommes et des femmes qui n’ont jamais été élus. Ce rite initiatique est donc essentiel, en démocratie. Sauf que ça donne un certain nombre de signaux assez problématiques sur le plan politique. Et d’abord, le fait qu’avec 15 membres de son gouvernement en lice, ce sera difficile de nier que ce scrutin régional aura une portée nationale.

En cas de défaite dans les régions, les conséquences seront donc nationales. Pourquoi avoir pris ce risque ?

Parce que depuis que le chef de l’État a intégré le fait qu’il avait peu de chances de remporter plus d’une région sur les 13, il a changé d’objectif stratégique. Ce qu’il vise en priorité, c’est le coup d’après, l’élection présidentielle de 2022. Et ce qu’il cherche d’abord avec tous ces ministres candidats, c’est à déstabiliser ses futurs adversaires potentiels. Il suffit de regarder la localisation de tous ces candidats. Cinq dans les Hauts-de-France, là où Xavier Bertrand tient la corde ; cinq aussi en Ile-de-France, là où Valérie Pécresse est en bonne position. Ce n’est pas un hasard.

Ça envoie plusieurs signaux ?

Ça pose par exemple la question de savoir ce que deviendront les ministres et secrétaires d’État élus. Est-ce qu’ils quitteront le gouvernement ? Et surtout, quel traitement sera réservé aux battus. La démission ? Ils seront très nombreux dans ce cas, ne serait-ce que parce que beaucoup d’entre eux se sont inscrits en dernière ou avant-dernière position, preuve qu’ils sont là juste pour faire campagne, pas pour être élus. C’est assez classique, comme façon de faire, cette façon d’apporter sa notoriété nationale à une liste locale. Mais quand ça atteint de telles proportions.

15 ministres et secrétaires d’Etat, c’est plus d’un tiers du gouvernement.

C’est ça, ils sont 42 ! Soit le gouvernement le plus peuplé depuis près de 30 ans. En tout cas, voir des ministres aussi écrasés de travail que Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, Eric Dupond-Moretti pour la Justice, ou Agnès Panier-Runacher qui est en charge de rien moins que l’Industrie, se lancer dans une campagne électorale intense pendant plus d’un mois, c’est tout de même problématique. À moins qu’ils ne soient tellement nombreux au gouvernement que beaucoup d’entre eux peuvent se permettre de prendre du bon temps. Mais non, penser ça, c’est faire du mauvais esprit…