Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce vendredi, il s'intéresse à l'entrée en campagne officielle de Xavier Bertrand pour les élection présidentielles de 2022. Selon lui, Xavier Bertrand affiche un objectif clair et une ébauche de programme carré mais à droite, pas de ralliement, aucun accusé de réception ni signal favorable d’aucun dirigeant des Républicains.
Xavier Bertrand a officiellement lancé sa candidature à l’Élysée ce jeudi. Est-ce que l’opération est réussie ?
Comme ci-comme ça. Oui, parce qu’il a dit tout haut ce qu’il avait déjà laissé entendre depuis des mois et que ce statut officiel peut donner une résonnance nouvelle à ce qu’il dira. Oui parce qu’il affiche un objectif clair et une ébauche de programme carré, sans ambiguïté. Et oui parce qu’il a, à cette occasion, reçu le soutien enthousiaste de ceux qui le soutenaient déjà.
Comme ci-comme-ça, c’est donc qu’il y a un "mais".
Il n’y a pas eu d’effet blast, on n’a pas senti un grand souffle se lever ni les lignes se déplacer. Alors bien sûr, son interview dans Le Point a déclenché un tir nourri parmi les troupes d’Emmanuel Macron. C’est un indice de sa dangerosité politique pour le Président (et c’est toujours mieux, en politique, d’affronter le feu plutôt que le silence). Mais à droite, pas de ralliement, aucun accusé de réception ni signal favorable d’aucun dirigeant des Républicains.
Cette déclaration de candidature, ce serait donc un coup pour rien ?
Pas forcément, non. Xavier Bertrand avait deux problèmes immédiats à résoudre. Le premier, c’est de tout faire pour s’imposer comme le candidat naturel de la droite à la prochaine présidentielle. C’est pour ça qu’il est parti tôt, pour occuper maintenant le terrain médiatique et politique et ensuite accélérer, accélérer. Tout faire pour éviter les primaires sur lesquelles comptent au contraire ses adversaires de droite. Il a donc posé les jalons, on verra bien dans les semaines qui viennent si les sondages intègrent cette réalité qu’il voudrait imposer. Mais attention, plus il installe l’évidence de sa candidature au poste suprême, plus il complique son deuxième problème : il est déjà candidat aux élections régionales dans les Hauts-de-France. Et il vient de dire aux électeurs, votez pour moi, mais si vous m’élisez, alors je viserai tout de suite une autre cible. C’est compliqué…
En ce qui concerne son programme ?
Là, il fait le job. Avec trois axes principaux : la restauration de l’autorité de l’Etat, le travail pour lutter contre le déclassement, et les territoires pour dépasser l’État impotent. Pas forcément original, mais il tape sur chacun des points faibles d’Emmanuel Macron : le régalien, la "Gilet-jaunisation" et la prise de pouvoir de l’administration. Le chef de l’État est prévenu : son adversaire de droite le plus dangereux, à cette heure, fera campagne sur le bilan du quinquennat. Pas d’effet blast, donc, mais un mauvais vent qui pourrait se lever.