Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il s'intéresse à la nouvelle stratégie de lutte contre l’épidémie qui a le mérite de la simplicité, la priorité c'est la vaccination. L'exécutif tente de reprendre sa communication en main après notamment les vives critiques autour du slogan "Dedans avec les miens, dehors en citoyen".
"Maintenant, la priorité, c’est la vaccination", a déclaré ce mardi Emmanuel Macron en visite à Valenciennes. Cette fois, les choses sont claires.
Oui, enfin presque. Mais après la semaine calamiteuse passée par le chef de l’État et le gouvernement, la nouvelle stratégie de lutte contre l’épidémie a le mérite de la simplicité. Alors, il y a encore du travail pour élaguer le message et le rendre percutant sur les âges, les populations éligibles ou les types de vaccins, mais on progresse. Il restera ensuite à oublier le slogan lancé par Jean Castex.
"Dedans avec les miens, dehors en citoyen" ?
Oui, c’est ampoulé, c’est lourdingue, et ce "dedans-dehors" n’a pas tardé à être ridiculisé. Peut-être qu’avant de le diffuser, et puisqu’on est en guerre, Matignon aurait mieux fait de relire quelques passage du livre de référence dans ce domaine, un livre écrit il y a deux siècles par un génie de la stratégie, le général Von Clausewitz : "Dans la guerre, disait-il, tout est simple, mais le plus difficile est de faire simple".
Ça n’est pas "La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens" ?
C’est vrai que c’est sa phrase la plus célèbre. Mais voyez-vous, face à cet ennemi invisible qu’est le virus, on pourrait dire aujourd’hui à l’inverse que "la politique est la continuation de la guerre par d’autres moyens". Emmanuel Macron, en chef de guerre, fait de la politique. Il doit convaincre le pays, il doit mobiliser les troupes de soignants et s’assurer du ravitaillement. Ce n’est pas gagné non plus, on manque encore de doses.
D’où ses interventions sur le terrain, ce mardi, et ses déclarations.
D’où, aussi, le recours aux vaccinodromes qui étaient pourtant bannis jusque-là. Avantage, on fixe le terrain d’affrontement avec l’ennemi. Et on fait des images. On fait la guerre, et on fait de la communication, autrement dit de la politique. Ça faisait des semaines que cette guerre ne produisait plus d’infos que sur les retards d’approvisionnement, les difficultés de la campagne ou les risques de l’AstraZeneca. Pas d’image de mobilisation, pas de héros hospitaliers que l’on applaudit, pas de quasi-mourants que l’on sauve en les transférant en avion ou en train. Pas de faits de guerre. Cette fois, on pourra voir "matin, midi et soir", comme dit le chef de l’État, des files d’attente devant le Stade de France à Paris ou le Vélodrome à Marseille. Des images mobilisatrices et une séquence de communication positive envers la population. Clausewitz le disait déjà il y a 200 ans, pour gagner, il faut un chef talentueux, une armée puissante, et un état d’esprit solide dans le pays. Voilà l’enjeu.