Face au blocage assumé des communistes et de la France insoumise à l'Assemblée nationale, la majorité envisage désormais la possibilité d'utiliser l'article 49.3 pour faire passer sa réforme des retraites. Pourtant, il s’agit d’une réforme essentielle pour absolument tous les Français qui mériterait un débat de fond, et pas seulement un cirque dans l’hémicycle.
C’est cette semaine que le gouvernement décidera ou non d’utiliser l’article 49-3 pour faire adopter la réforme des retraites à l’Assemblée nationale.
Le célèbre article 49-3 permet de verrouiller un débat lorsque la majorité est fragile ou limite minoritaire, il permet d’accélérer un débat qui traîne en longueur et qui s’enlise.
Ce qui est le cas aujourd’hui sur les retraites ?
Oui, à cause d’une partie de l’opposition qui multiplie les manœuvres pour bloquer la réforme. 41.000 amendements dans un premier temps, et chaque jour davantage avec des interruptions de séances, des artifices de procédure. Tout est fait pour empêcher le débat de fond. Ce qui est incroyable, c’est que cette obstruction est menée par les seuls communistes et France insoumise. Les Socialistes et les Républicains sont, eux aussi, hostiles au projet du gouvernement mais ils ne sabotent pas la discussion par des manœuvres d’empêchement.
Combien sont ceux qui bloquent la discussion ?
À peine plus de 5% des députés, 16 communistes et 17 France insoumise, sur 577 élus. C’est ni plus ni moins l’équivalent d’un piquet de grève, ces grévistes qui entassent des poubelles ou mettent le feu à des pneus pour interdire l’entrée d’un lycée ou d’une usine et mettre tout le monde en grève forcée. La stratégie de l’obstruction parlementaire relève exactement des mêmes principes.
Sauf qu’un piquet de grève est illégal alors que le droit d’amendement est absolu.
Effectivement mais l’abus de droit, ça existe aussi. Là, on y est en plein. Les communistes et les Insoumis l’assument d’ailleurs parfaitement. Ils pourrissent les débats pour obliger le gouvernement à taper du poing sur la table, pour l’obliger à dégainer l’arme du 49-3. Ce qui leur permettra immédiatement de crier au coup de force, à l’arbitraire, à l’autoritarisme et à l’arrogance de ce pouvoir qui refuse le débat. Bien sûr, on pourrait dire que tout cela fait partie du théâtre politique, que ce n’est pas la première fois que le parlement est au centre d’un bras-de-fer de ce genre.
Ce n’est pas le cas ?
Non, il ne faut pas croire que cette affaire est banale. D’abord parce qu’il s’agit d’une réforme essentielle pour absolument tous les Français qui mériterait un débat de fond, et pas seulement un cirque dans l’hémicycle. Ensuite, parce que cette pauvre image que les députés donnent d’eux-mêmes, c’est exactement ce que recherchent les populistes. Leur but est de ridiculiser le travail des élus, le rendre inutile en enrayant leur fonctionnement et, petit à petit, d’en arriver à contester leur légitimité d’élus du peuple. Ces populistes, qui d’un côté bloquent le travail législatif, ce sont eux qui de l’autre soutiennent les manifestants, qui les présentent comme la vraie voix du peuple. Ils sont les seuls vrais représentants du peuple souverain. Avec des procédés comme celui-là, c’est en fait un des piliers de la démocratie que l’on déstabilise.