En seulement 48 heures, Agnès Buzyn a changé toute la physionomie de la campagne des municipales à Paris. À l'inverse de Benjamin Griveaux qui s'alignait sur les projets écologiques d'Anne Hidalgo, Agnès Buzyn a choisi de se concentrer sur les problèmes quotidiens des Parisiens, tout comme Rachida Dati.
Cela fait à peine plus de 48 heures qu’Agnès Buzyn est candidate à la mairie de Paris et beaucoup de choses ont déjà changé.
Insensiblement, tout est devenu différent. D’abord, l’ambiance qui était lourde au QG de campagne de Benjamin Griveaux depuis un mois. Son début de campagne raté pesait sur le moral des équipes. Et puis, les relations exécrables entre l’ex-candidat En Marche et Cédric Villani mettaient de l’électricité dans l’air. C’est du passé et tout le monde a remarqué avec quelle application Agnès Buzyn mettait en avant sa bienveillance, son calme et son écoute.
Mais Cédric Villani ne renonce pas pour autant ?
C’est vrai, mais les mots choisis désormais par les deux camps et les gestes mis en avant depuis dimanche ont un sens. Alors que le mathématicien détestait le champion déchu de la macronie, il ne perd plus une occasion de dire "son respect, son estime" pour Agnès Buzyn, avec qui il a des échanges "cordiaux". Bref, tout devient possible.
Mais pas avant le premier tour des municipales ?
Non, bien sûr. Mais, à la guerre de tranchée du premier tour pourra succéder une guerre de mouvement. De quoi dessiner les alliances indispensables à tous les candidats parisiens pour gagner la mairie. On verra bien. En attendant, le changement de climat apporté par l’irruption d’une nouvelle tête dans la campagne rejaillit aussi sur les autres candidats. Sur Anne Hidalgo, par exemple. Ce n’est plus elle qui fait l’agenda de la campagne électorale. Or (et c’est un point qui avait été parfaitement théorisé par Nicolas Sarkozy), pour gagner une campagne, il faut dominer l’agenda et imposer les thèmes. Il faut faire en sorte que le débat tourne autour de votre personne, de votre projet. C’était le cas jusqu’à présent pour Anne Hidalgo. Ses 170.000 arbres, ses forêts urbaines, sa politique anti-voiture, tout cela créait de la polémique, bien sûr, mais c’est elle qui en décidait les codes. La maire de Paris n’a plus la vedette puisque c’est Agnès Buzyn, la petite nouvelle, qui capte les médias. Mais, en plus, son programme n’est plus la référence.
Qu’est-ce qui a changé ?
L’abandon du transfert de la gare de l’Est et du projet de création d’un Central Park à la place. Avec cette proposition-choc et totalement controversée, Benjamin Griveaux avait cherché à se mettre au niveau des grands projets plus verts que vert d’Anne Hidalgo. Il allait la défier sur son terrain, en adoptant ses armes à elle. Agnès Buzyn fait l’inverse. Elle abandonne tout ça et se recentre sur la vie au quotidien avec des sujets comme la propreté, la sécurité, les déplacements et le logement. C’est exactement le terrain qu’avait d’ailleurs choisi Rachida Dati, parler non pas de projets pharaoniques, mais de la vraie vie, au jour le jour, des Parisiens. Ça lui avait permis de faire une jolie percée dans les sondages. On est entré dans le dernier mois de la campagne, là où les choses vont commencer à se cristalliser. Agnès Buzyn et Rachida Dati, c’est peut-être elles qui vont en donner le tempo.