Lors de sa quatrième allocution télévisée, depuis le début de l'épidémie de coronavirus, Emmanuel Macron devrait préciser la durée du confinement. L'incertitude qui plane autour de cette période plombe le moral des Français, qui vivent désormais sans grande perspective d'avenir.
Quinze jours, un mois, un mois et demi : Emmanuel Macron devra dire ce soir aux Français combien de temps va encore durer le confinement.
Oui, et vous avez raison de dire qu’il devra dire jusqu’à quand les Français seront bloqués ainsi. Parce que l’incertitude, le doute sur le terme éventuel de cet enfermement national pourrait bien, à force, devenir très pesant.
Depuis que l’Elysée a annoncé par un simple communiqué que tout cela serait prolongé au-delà du 14 avril, toutes les informations, toutes les rumeurs circulent, les bons tuyaux comme les pires fake news. Or, tous ceux qui ont travaillé sur les effets psychologiques de l’isolement affirment qu’il est essentiel de donner une perspective, un terme, faute de quoi l’enfermement est beaucoup plus difficile à supporter.
Et puis, ça devient important aussi de savoir quand le pays pourra envisager de redémarrer.
Bien sûr : le projet de budget rectificatif, qui a été présenté au dernier Conseil des Ministres, a chiffré à -6% la récession subie par le pays en six semaines de confinement. Même si le calcul n’est pas aussi automatique, chacun peut imaginer ce qui se passerait si le confinement durait par exemple jusqu’à fin mai. Dix semaines, ça voudrait dire -10% pour l’économie, ce qui serait une catastrophe en partie irréparable.
Et puis fin mai, ça veut dire un dernier trimestre quasi inexistant à l’école, et peut-être même une rentrée repoussée à septembre pour les plus jeunes. Et donc des indisponibilités prolongées pour les parents, et donc du chômage partiel ou des arrêts-maladie gardes d’enfants jusqu’à l’été. C’est tout cela que la parole du Président doit éclaircir ce lundi soir.
Ce sera sa quatrième prise de parole depuis le début de la crise. Et on peut s’attendre à ce que l’audience batte à nouveau des records.
Oui, en espérant qu’il ne se perde pas dans les grandes envolées comme il l’avait fait lors de sa visite à l’hôpital militaire de campagne installé à Mulhouse. On attend du Président à la fois qu’il fixe le cap (en l’occurrence, qu’il fixe l’échéance), mais aussi qu’il entre dans le concret sur les masques, les tests, l’école, le déconfinement progressif, son rythme, sa géographie.
Ce n’est pas plutôt au Premier ministre de faire ça ? Je veux dire : dans la distribution des rôles entre chef de l’Etat et chef du gouvernement, il y a les grandes décisions d’un côté, et leur mise en musique de l’autre, non ?
C’est vrai, c’est la répartition traditionnelle des tâches dans la Ve République. Mais dans cette crise d’une ampleur inégalée, si il y a une chose qui fonctionne (jusque-là), c’est le duo Macron-Philippe. En fait, ils se partagent l’un après l’autre le devant de la scène. Sur les grandes échéances du calendrier, sur les mesures d’accompagnement, sur la stratégie face à la maladie et sur les inconnues que cela recèle aussi. Même les échecs (et il y en a eu) ne semblent pas avoir rompu cette proximité.
Cette entente entre les deux têtes de l’exécutif paraît même s’être renforcée au fur et à mesure que le dispositif de gestion de crise et de communication se resserrait autour du Premier ministre, et gagnait ainsi en efficacité. C’est une des seules bonnes nouvelles de cette période irréelle : elle n’est pas, en plus, en train d’accoucher d’une crise politique.