Le Premier ministre a répondu aux questions des Français pendant deux heures, jeudi soir, sur TF1. L'occasion, selon Nicolas Beytout, de s'affirmer davantage en gestionnaire des questions concrètes, quand Emmanuel Macron donne les grandes orientations face à la crise du coronavirus.
Edouard Philippe, s’est une nouvelle fois adressé à tous les Français, jeudi soir, sur TF1.
Oui, pour la troisième fois en 5 jours seulement. D’abord un mot sur la forme de l’émission : j’ai trouvé l’exercice très réussi, à la fois parce que très concret (on n’a pas besoin de grandes envolées, en ce moment), et aussi parce que ça a permis à Monsieur Toutlemonde de s’exprimer. Et, ce qui était très original, c’est que cette fois, les gens qui posaient des questions… posaient des questions. Je veux dire qu’ils n’étaient pas là pour faire un discours politique ou des grandes déclarations, mais pour avoir des informations. Ca nous changeait des émissions façon Gilets jaunes. Et c’est très bien !
Et la prestation du Premier ministre, bonne, pas bonne ?
Ecoutez, depuis quelques jours, certains décrivaient Edouard Philippe comme tendu, agacé ; ça ne s’est pas vu jeudi soir. Il y a une grande tension dans son propos, une gravité, c’est sûr, parce que la crise est potentiellement dévastatrice, mais il n’y avait pas de nervosité, apparente, en tout cas. C’était même l’inverse : des explications, des explications, encore des explications. Désormais, le dispositif à la tête de l’Etat semble à peu près calé. A Emmanuel Macron les déplacements et les discours sur les grandes orientations (par exemple sur la reconquête de la souveraineté, comme on l’a vu il y a 2 jours en Anjou).
Et donc, à Edouard Philippe la gestion du quotidien…
Oui, ce qu’il a fait samedi dernier, avec Olivier Véran, le ministre de la Santé, et jeudi soir encore. Toujours en direct depuis Matignon, comme quelqu’un dont le rôle est d’être dans la soute pour vérifier qu’il y a de quoi passer les tempêtes, les unes après les autres. A Edouard Philippe, donc, le quotidien, dire ce qu’il sait, mais aussi ce qu’il ne sait pas, puisque cette crise recèle d’immenses inconnues. C’est d’ailleurs ce qui la rend si dangereuse, en vérité.
Et évidemment, ça oblige Edouard Philippe à dire souvent qu’il ne sait pas. C’est un problème ?
Pour un homme politique, en temps ordinaire, oui, c’est un problème. Mais en période extraordinaire, ne pas savoir ne peut être reproché à personne. Les médecins et les scientifiques eux-mêmes ont fait tellement d’erreurs ! D’ailleurs, aucun d’entre eux jeudi soir sur le plateau n’avait de certitude. Le résultat, et c’était très frappant, c’est que le chef du gouvernement n’a pas fait de politique (politicienne). Jeudi soir, c’était la politique de la vie quotidienne.
Celle qui peut susciter cette fameuse Union nationale réclamée par le gouvernement ?
Dans l’idéal, oui. Mais j’ai trouvé qu’à deux reprises, Edouard Philippe a été moins à l’aise, plus hésitant : sur les masques, et sur les tests. Autrement dit sur les deux principaux sujets de polémiques politiques. Eh oui, les émissions comme celles de jeudi soir sont essentielles pour aider à comprendre, et aider à tenir, elles sont sûrement un élément important pour la cote de confiance des gouvernants, mais elles ne sont qu’une parenthèse dans la vie politique.