Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce vendredi, il revient sur la contamination d'Emmanuel Macron au Covid-19. Selon lui, le président n'a pas respecté les consignes sanitaires fixées par l'exécutif, son statut de chef de l'État et ses obligations l'empêchant d'adopter une attitude exemplaire.
Emmanuel Macron testé positif au Covid 19, c’est un contre-exemple parfait dans la lutte contre l’épidémie.
Tout faux, ils ont tous tout faux. D’abord Emmanuel Macron qui a enfreint à plusieurs reprises les règles qu’il impose aux Français dans la lutte contre les ravages du virus. Dîner à plus de six personnes, rencontre après 20 heures, c’est-à-dire en infraction avec le couvre-feu, agapes jusque vers minuit, explique benoitement l’Élysée qui confirme ainsi que les échanges sans masques ont duré des heures. Même si la table est vraiment très vaste, c’est bien suffisant pour infecter au-delà de ses deux voisins immédiats, Richard Ferrand et Alexis Kohler. En théorie, on est donc loin de l’exemplarité.
En théorie ? Ça veut dire qu’en pratique, il n’y aurait pas de faute ?
Pour répondre à cette question, il faut d’abord être au clair sur ce qu’on pense être le rôle d’un chef d’État. Est-ce que c’est un personnage banal, un individu "normal" comme l’avait dit à ses dépens François Hollande ? Ou est-ce que, par ses fonctions, par la pression qui s’exerce sur lui en permanence, par l’impératif d’action qu’on exige de lui, on doit considérer que, tout en étant exemplaire sur la manière d’exercer le pouvoir, il doit être exonéré des contraintes de la vie ordinaire ? C’est une vraie question. Les Gilets jaunes, par exemple, penchent pour la première proposition. Le chef de l’Etat est un quidam qui doit vivre comme un quidam. Les autres, dans la plupart des démocraties en tout cas, estiment que conduire la destinée d’un pays, c’est une tâche extravagante qui explique qu’on accorde un statut exorbitant.
C’est le point de vue de Nicolas Beytout
Oui, mais ça ne l’empêche pas de déplorer que les aspects les plus simples de la vie sous Covid ne soient pas respectés à l’Élysée. Comme par exemple le fait de ne pas rassembler de grandes tablées, sauf exigence protocolaire, à la rigueur.
Ce qui est frappant, c’est la réaction de tous ceux qui ont fréquenté Emmanuel Macron depuis huit jours. C’est le grand n’importe quoi. Par exemple parmi les parlementaires qui ont déjeuné avec lui deux jours avant qu’il ne soit testé positif, c’est le brouillard total. Certains se sont fait tester immédiatement après avoir appris qu’ils étaient cas-contact, alors qu’ils auraient dû s’isoler et attendre une semaine avant de prendre un coup d’écouvillon dans le nez, D’autres, pourtant placés à table loin du chef de l’État, se sont mis volontairement à l’isolement. Alors bien sûr, dans l’esprit de tous ces hommes et femmes politiques, c’est être exemplaire, c’est faire preuve de responsabilité. Bon, sauf que, pas de chance, rien de tout cela n’est conforme à la feuille de route édictée par les autorités sanitaires. C’est quand même pas de chance. Chaque fois qu’un politique s’exprime sur le déconfinement ou le couvre-feu, il embrouille le message. Jean Castex sur l’école, les chefs de partis sur les cas-contacts, et Emmanuel Macron lui-même qui oublie de regarder l’heure. À quoi ça sert que Delfraissy y’ se décarcasse ?