Défense du climat dans la Constitution : Emmanuel Macron prend le risque du référendum

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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il revient sur le référendum annoncé par Emmanuel Macron pour inscrire la défense du climat dans la Constitution.

Ce lundi soir à la Convention Citoyenne sur le Climat, Emmanuel Macron, a annoncé un référendum pour inscrire la défense du climat dans la Constitution.

Que c’est compliqué de réinventer la démocratie. Ça fait trois ans qu’Emmanuel Macron cherche la bonne formule. Dans la première année qui a suivi son élection, le jeune président de la République a fait dans la verticalité. Il avait, avec son élection, pulvérisé les partis politiques traditionnels, le Vieux monde, comme on disait alors avec un brin d’arrogance dans les rangs de La République en Marche. Le chef, c’était lui, la démocratie, c’était lui. Même chose du côté des syndicats envers lesquels Emmanuel Macron éprouvait beaucoup de méfiance : leur rôle se concevait davantage au niveau de l’entreprise ou de la branche sectorielle qu’au niveau national. Tout ça n’a tenu que 18 petits mois avant que la mécanique ne s’enraye avec la crise des Gilets jaunes. Le parfait bug démocratique : le parti du Président, composé d’amateurs et fiers de l’être, n’a pas vu les signaux faibles du mécontentement qui grondait, n’a pas fait remonter d’alerte, a laissé la crise se propager sans réagir ou presque. Le degré zéro de la vie démocratique. Ça aurait pu emporter Emmanuel Macron, mais il a fini par s’en servir, comme dans une prise de judo, pour retourner à son avantage cette demande populaire d’expression directe. Ce sera le Grand débat, des dizaines d’heures d’écoute et de prêche, des centaines de Français qui s’expriment ou écoutent, des centaines de milliers qui le suivent à la télé. Enfin, le lien direct et parfaitement démocratique avec les vrais gens ! Sauf que ça a calmé la crise, mais très vite, ça a fait pschittt… Les Gilets jaunes se sont dissouts tout seuls sans que soit apaisée l’inquiétude sur la question du climat.

C’est donc l’épisode des 150 citoyens de la Convention Climat.

Des Français tirés au sort, en théorie selon une méthode proche de celle des sondages, et donc supposés être parfaitement représentatifs. Le chef de l’Etat a pensé les séduire en leur promettant la lune, c’est-à-dire l’application sans filtre de toutes leurs propositions sauf 3 d’entre elles. Bref, la démocratie directe dans sa quintessence. Sauf qu’on s’est vite aperçu que tous ces citoyens, volontaires, étaient déjà convaincus, sensibles aux arguments de quelques meneurs bien formés, ce qui a donné un catalogue jusqu’au-boutiste de revendications, accompagné de mises en demeure à l’adresse d’Emmanuel Macron. Un peu dictatorial, pour un soi-disant exercice de démocratie. Une impasse, en réalité.

Emmanuel Macron cherchait toujours un remède à la crise de la démocratie.

Après avoir fait compliqué, le voilà qui semble se dire que c’est aussi bien de faire simple. Comment ? Avec un référendum, bien sûr. La démocratie directe par excellence. Sauf que (en admettant que les filtres de l’Assemblée et du Sénat soient franchis), on sait très bien que le risque d’un référendum, c’est que les électeurs répondent non pas à la question, mais à celui qui la pose en une sorte de plébiscite. Sûrement pas ce qu’il y a de mieux en démocratie.