Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce jeudi, il revient sur l'interview d'Emmanuel Macron et sur les nouvelles mesures restrictives qu'il a annoncé. Selon lui, on est entré ce mercredi dans une troisième phase de la bataille contre le Covid.
Ce mercredi soir, Emmanuel Macron a lancé sa nouvelle bataille contre le Covid.
D’abord un mot sur la prestation du chef de l’État. Nicolas Beytout l’a trouvé clair, précis, pas emphatique, sans envolée lyrique comme il aime pourtant le faire en général. Non, là, c’était concret et plus court que d’habitude. Et là, bravo le match de foot de 20h45. On devrait toujours mettre un match international après une émission politique, ça éviterait qu’elle tire en longueur. Et ce n’est pas une anecdote : le message, parce qu’il était simple et minuté, en a beaucoup gagné.
Le plus frappant, c’est bien sûr le couvre-feu.
C’est la mesure-choc pour 20 millions de Français et aussi un symbole de la gravité de la situation pour les 45 millions autres. On pourrait se dire que c’est une sorte de retour vers le futur, une nouvelle saison du confinement. En réalité, ce n’est pas ça du tout. On est entré ce mercredi dans une troisième phase de la bataille contre le Covid. On avait eu la fermeture totale du pays, jour et nuit, pendant les 10 semaines de confinement, avec des dégâts invraisemblables sur l’économie et l’emploi. On avait eu ensuite ce que le chef de l’État lui-même avait à un moment appelé "le retour des jours heureux", avec l’insouciance des vacances et la liberté de l’été, avec des dégâts que l’on mesure maintenant sur la propagation du virus. Emmanuel Macron ne pouvait pas refaire l’un (la fermeture) ni perpétuer l’autre (la vie ordinaire). D’où la recherche d’une solution intermédiaire.
Une sorte de "en même temps", mais entre quoi et quoi ?
Entre responsabilisation et refus de l’infantilisation. Entre le "quoi qu’il en coûte" et le "vivre avec le virus". Un exemple, rappelez-vous du mot d’ordre rabâché sur tous les tons à longueur de journée pendant le confinement, la fameuse injonction "Restez chez vous". Là, c’est l’inverse. "Il serait disproportionné de reconfiner", a-t-il dit à plusieurs reprises. L’objectif, c’est que tout le monde puisse travailler, que la vie économique continue, parce que le pays en a besoin. Changement complet de posture. Même chose sur les règles données aux familles. Emmanuel Macron parle de recommandations (la règle des 6), en comptant sur la responsabilité des gens pour modifier le cours de leur vie. On interdit beaucoup moins et on laisse les déplacements libres entre régions. On sensibilise beaucoup plus.
Au total, ça va tout de même, une nouvelle fois, coûter très cher ?
Oui, il va falloir indemniser les secteurs qui sont fracassés par le couvre-feu, il va falloir essayer de sauver les emplois qui seront fragilisés. L’Etat va encore déverser des aides. Mais, contrairement à ce que demande la gauche, les coups de pouce (APL ou RSA) resteront provisoires. Avec cette philosophie politique rappelée par Emmanuel Macron : "Je ne perds pas de vue que la solution (pour sortir de la crise), c’est le retour au travail". Voilà, responsabilité individuelle et primauté du travail sur l’assistanat. Il y avait bien, ce mercredi soir, un message politique derrière le sanitaire.