Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il fait le point sur les solutions que le président va devoir trouver pour remettre la France sur la bonne voie face à la crise sanitaire, à la crise économique, à la crise sociale et à l'insécurité. Selon Nicolas Beytout, l'allocution d'Emmanuel Macron de ce mercredi soir n'est pas bon signe.
Emmanuel Macron s’exprimera donc ce mercredi soir, peu avant 20 heures. Selon Nicolas Beytout, c’est plutôt mauvais signe.
En fait, il n’y a que deux hypothèses. Depuis le déferlement de l’épidémie sur notre pays en février-mars, lorsque le chef de l’État s’est exprimé sur le virus, c’était soit annoncer à la population un confinement (ou son prolongement), soit pour le lever. Il n’a jamais tenu la comptabilité des morts, ni fait la litanie des gestes barrière. Il n’a jamais assuré le tout-venant de la communication. À lui les moments solennels (la guerre), ou apaisants (ce qu’il avait appelé le retour des jours heureux). Ce soir, le terrain a été suffisamment préparé pour qu’il n’y ait aucun doute, il n’y a aucune bonne nouvelle à attendre. Au contraire…
On va donc vers un durcissement. On sait jusqu’où ?
Ce qui est sûr, c’est que pour le Président, la voie est étroite. Il ne peut pas décider le retour du confinement strict et du "quoi qu’il en coûte" de la première période lorsque l’exigence sanitaire s’était totalement imposée. Ça a mis le pays à genoux et nous n’avons pas les moyens de recommencer la même paralysie de l’économie. Ça ne peut pas ressembler non plus à la deuxième période de cette guerre contre le virus, celle de l’été, avec cette manière au fond assez insouciante de côtoyer le Covid. Emmanuel Macron doit trouver une troisième voie, celle que son gouvernement n’a pas réussi à dessiner. Et pour ça, il doit reprendre un temps d’avance sur le virus. En mars dernier, lorsque la France stupéfaite est mise aux arrêts, l’objectif est de rattraper et de dépasser la course du virus, d’empêcher qu’il n’accélère pour contrôler sa propagation. Mission accomplie deux mois plus tard.
Ce qui débouche alors sur le déconfinement.
Oui, mais dès cet instant ou en tout cas dès l’été, tout s’inverse. Le dispositif sanitaire prend un temps de retard, on laisse le virus reprendre de l’avance et le gouvernement en est réduit à courir après. Alerte 1, 2, 3, renforcée, maximale, rouge, écarlate. Toute cette progression du dispositif sanitaire ne fait plus que subir la progression de l’épidémie. C’est ça qu’il faut changer. Mais sans rebasculer dans un pseudo-confinement qui sonnerait la fin et l’inutilité du plan de relance. Voilà, Emmanuel Macron doit trouver un espace politique pour manœuvrer entre le "quoi qu’il en coûte" et le "vivre avec le virus". Et il y a urgence !
Pourquoi ? Pour casser la progression de l’épidémie ?
Bien sûr, mais pas seulement. Pour l’instant, la deuxième vague est présente partout en Europe. Le Président peut donc soutenir l’idée qu’il n’y a pas de défaite purement française face au virus. Mais ça ne durera pas. Et de toute manière, politiquement, son équation est devenue très compliquée. Une crise sanitaire qui dure, une crise économique qui va se nourrir plus longtemps que prévu de cette incertitude, une crise sociale et la petite nouvelle, celle qui est devenue selon Jean Castex "le point faible de notre pays", l’insécurité. Quatre crises, comme quatre murs à l'intérieur desquels Emmanuel Macron risque de se retrouver coincé.
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