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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse à la position de Guillaume Peltier au sein des Républicains.

Guillaume Peltier a beau être le numéro 2 de son parti Les Républicains, ses déclarations publiques sont de moins en moins appréciées par sa famille politique.

Il faut dire que Guillaume Peltier n’est pas adepte de la demi-mesure. Depuis quelques temps, le jeune député du Loir-et-Cher multiplie les prises de parole iconoclastes, le plus souvent avec un sens maîtrisé de la provocation. En fait, l’ambitieux Vice-Président LR choisit méthodiquement les sujets qui fâchent, et il tape dessus.

C’est quoi, les sujets qui fâchent ?

Ce qui divise son parti : la ligne économique, la politique sécuritaire, les relations avec le Rassemblement national. C’est simple, il coche toutes les cases. Sur l’économie, ses propositions ont stupéfait une bonne partie de sa famille politique (le remplacement de la CSG par une taxe sur les transactions par Carte bleue, par exemple). Mais à vrai dire, le parti est tellement perdu sur ces sujets de politique économique que tenter un couplet en solo serait à la rigueur pardonnable. Ce qui n’est pas le cas pour les autres sujets.

Ce qui relève de la relation avec le Rassemblement national.

Oui, et par extension avec ceux qui se situent à l’extrême-droite de l’échiquier politique, comme Philippe de Villiers ou Robert Ménard. Guillaume Peltier dit admirer le premier et partager les convictions du second. Il y a huit jours, il annonçait qu’en cas de duel au second tour de la prochaine présidentielle, aucune voix ne devrait se porter sur Emmanuel Macron (sans préciser bien sûr qu’il ne voterait pas Le Pen). À trois semaines des élections régionales, c’est une véritable bombe. Parce que, bien sûr, ce cas (choisir entre la gauche et le Rassemblement national dans une ou plusieurs régions), ce cas peut se produire. C’est ce qui peut arriver de pire aux Républicains : voir que la digue qu’avait élaborée Jacques Chirac risque de céder dans les urnes, après avoir commencé à céder dans les têtes.

Et sur la politique sécuritaire ?

Là on est très au-delà de ce qu’oserait proposer Marine Le Pen : expulsion de tous les fichiers S et surtout rétablissement d’un tribunal d’exception pour condamner et enfermer sur la base de simples soupçons tout individu radicalisé. Et impossible de faire appel. Une régression totale au regard de nos principes démocratiques.

Et bien sûr, c’est ça qui secoue LR. Et comment est-ce que ça peut évoluer ?

Ce qu’on voit très clairement, c’est que le passage du gué entre Les Républicains et une Marine Le Pen portée par les sondages, touche de plus en plus de figures de droite. C’est le problème de Christian Jacob. Sur sa gauche, il doit bloquer les œillades d’Emmanuel Macron à quelques-uns de ses grands élus. Et sur sa droite, il doit mettre le holà aux tentations de certains transfuges. Et pour cela, répondre à une question redoutable. Si Guillaume Peltier ne rentre pas dans le rang, le numéro 1 des Républicains aura-t-il la plus petite latitude pour ne pas exclure du parti son numéro 2 ? Réponse probable au plus tard après les régionales.