Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il s'intéresse aux deux droites tirent à boulets rouges sur Macron pour cacher leurs propres faiblesses sur tout ce qui ne relève pas de la sécurité.
La droite (ou plutôt, les droites) ont fait leur rentrée politique tout le week-end, avec les réunions des Républicains à Port-Marly et de Marine Le Pen à Fréjus.
Si elles n’ont pas grand-chose en commun, ces deux droites-là, elles ont tout de même choisi pendant trois jours de taper sur le même clou : celui de l’insécurité et de la faillite de la politique de la majorité dans ce domaine.
C’est Emmanuel Macron qui est directement visé ?
Bien sûr. D’abord parce que le contexte s’y prête : les chiffres de la délinquance sont au mieux médiocres, au pire très mauvais. Mais surtout parce que le chef de l’État a donné jusqu’ici le sentiment de ne pas prendre le sujet en considération. Ou de ne pas savoir comment le traiter. Dernier exemple en date, le grand discours qu’il a prononcé vendredi à l’occasion du 150e anniversaire de la République. Parler de l’unité de la Nation permettait de dénoncer les violences et tout ce qui peut mettre en péril la paix civile. Eh bien non, le pas n’a pas été franchi. Résultat, un beau discours (assez bref, pour une fois), et comme toujours, rien de concret. Mais, le plus préoccupant n’est pas là. Il est dans le fait que sa propre majorité est divisée. La polémique des 10 derniers jours, sur l’ensauvagement de la société.
Entre Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti ?
Exactement. Elle dit beaucoup des divisions qui traversent cette majorité composite, qui tire entre ceux qui viennent de la droite, et ceux qui sont issus de la gauche, du PS en particulier. Deux visions opposées de la politique pénale, de la répression, de l’exécution des peines. Deux visions qu’Emmanuel Macron n’a toujours pas réussi à fédérer. Alors qu’entre les droites, la vision est identique.
Entre Les Républicains et le Rassemblement national ?
Oui, et ce n’est pas seulement une posture de circonstance, histoire pour l’opposition de cogner sur le point faible d’Emmanuel Macron. Non : sur la majorité pénale, sur l’exécution des peines, sur la sévérité des magistrats et les peines plancher, les deux partis ont la même analyse. Et la même envie d’en découdre. C’est commode, l’actualité est porteuse sur le sujet. Mais surtout, ça permet de camoufler tout le reste. Chez Marine Le Pen, la faiblesse du programme économique et social (à l’heure où il faut relancer l’économie, c’est un vrai problème). Et puis chez les Républicains, ça permet de camoufler les très nombreux désaccords qui les opposent entre eux. Ils sont nombreux, les candidats qui s’échauffent ou qui hésitent à se présenter dans le grand steeple-chase de l’Élysée. Mais la réalité, c’est que, sur le plan des programmes, et en dehors de l’insécurité, aucune synthèse entre les différents courants des Républicains ne paraît pour l’instant à portée de main. Alors naturellement, ça peut faire trébucher Emmanuel Macron, mais ça ne pourra pas suffire pour gagner une élection.