L'ancien président de la République a prouvé à de nombreuses reprises qu'il savait s'adapter aux situations et aux difficultés des personnes qu'il rencontrait. Nicolas Beytout revient ce vendredi sur sa carrière politique parfois guidée par sa sensibilité.
On a pu le constater depuis ce jeudi, la mort de Jacques Chirac a provoqué une réelle émotion populaire.
C’est vrai, et ils ne sont pas légion, les hommes ou femmes politiques qui peuvent revendiquer un tel capital sympathie. Chirac, c’était une certaine façon de faire de la politique, avec une obsession : les gens, les gens et les gens. La proximité, la chaleur, une image sympa, quoi, ce qu’aucun de ses successeurs n’a réussi à recréer avec le peuple français.
Il a littéralement incarné une partie de la France.
Les hommages viennent de la France entière, et de tous les bords.
Ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas eu d’adversaires, dans sa vie politique. Il en a même eu beaucoup, et il en a tué, politiquement, beaucoup. Mais naturellement, chacun observe de la retenue face à cette disparition.
Quoi qu’il en soit, vous avez raison, il y a une belle unanimité pour saluer l‘ancien chef de l’État.
Nicolas Beytout pense que c’est en partie dû au fait que Jacques Chirac, à un moment ou à un autre de sa longue carrière politique, a été successivement un peu de tous les bords. Il a été libéral puis dirigiste, thatchérien puis travailliste, l’homme de l’industrie et de l’agriculture intensive, avant d’être celui de l’écologie. Il a privatisé puis gelé le paysage du capitalisme français. Il a lancé des réformes puis est resté comme pétrifié par la contestation sociale qu’il avait provoquée.
Et tout ça correspond très exactement à ce qu’était la France au moment où il endossait tel ou tel costume. À force d’être à l’écoute de la France, il fut un chef politique à l’écoute de l’air du temps.
Et si le pays est si difficile à réformer aujourd’hui, c’est un peu la suite des années Chirac.
Malgré tout, ceux qui l’ont connu parlent de son énergie.
Oui, et il en fallait sûrement pour mener une telle carrière, repartir au combat après les défaites, affronter tous ceux qui doutaient de lui, et se relever chaque fois.
Et autant Jacques Chirac a été changeant dans plusieurs de ses engagements politiques ou économiques et sociaux, autant il a été d’une remarquable constance sur un certain nombre de valeurs. Y compris lorsqu’il fallait agir là où on ne l’attendait pas. Je pense bien sûr à son opposition à l’intervention en Irak, à sa détestation de la guerre, à son engagement européen, aussi, et puis à la fin de sa carrière, à son combat pour l’écologie.
C’est probablement la trace la plus profonde qu’il laissera dans l’opinion publique. C’est cette image qui restera de lui. Et pour une fois, il aura été en avance, et c’est lui qui aura fait l’air du temps.