L’enjeu du climat est tellement disproportionné à l’échelle des États, qu’il n’y a que les entreprises qui aient les ressources pour essayer de relever ces défis.
"Les dénonciations, on est au courant. Défiler tous les vendredis pour dire que la planète brûle, c’est sympathique, mais ce n’est pas le problème", a déclaré Emmanuel Macron dans l’avion qui l’emmenait au Sommet de l’ONU sur le climat. Ça y est, c’est la rechute, le retour des petites phrases ?
Il y a un peu de ça, oui. C’est vrai que ce n’est pas très tendance de critiquer la mobilisation des jeunes pour l’environnement. L’air du temps, c’est plutôt de s’extasier sur leur implication et de tirer des portraits éperdus d’admiration de Greta Thunberg. L’égérie des moins de 20 ans rêve de remplacer l’avion par la marine à voile, ce mode de transport apaisé, évidemment beaucoup moins consommateur en CO2 (sauf pour ceux qui prennent l’avion pour aller chercher et rapatrier le bateau, une fois la jolie opération de communication terminée).
La mobilisation des jeunes est tout de même impressionnante, non ?
Oui, bien sûr. C’est un mouvement inarrêtable et c’est tant mieux. Les manifs font avancer la prise de conscience, au moins autant que la mobilisation au quotidien des enfants et des jeunes dans les familles. Ça fait bouger la société, bien plus que de ne pas aller en classe tous les vendredis. Et là, Emmanuel Macron a raison. Plutôt que de battre le pavé, les manifestants feraient mieux d’aller nettoyer des sites pollués.
Dans la lutte contre le réchauffement climatique, il y a trois sortes d’acteurs. Il y a ceux qui alertent le monde, ce sont les scientifiques. Il y a ceux qui dénoncent, ce sont les manifestants. Et puis, il y a ceux qui agissent et ils sont à New-York.
Les hommes et femmes politiques qui participent au Sommet Climat ?
Absolument, mais pas seulement d’eux. Certes, les gouvernements sont importants pour définir le cadre, les règles ou la loi qui s’imposera en matière d’environnement. Mais c’est tout ! Et les mettre tous d’accord sera très long.
Nicolas Beytout veut surtout parler de ceux qui agissent déjà au quotidien, les entreprises. Elles sont, elles aussi, à New York. Elles sont représentées par des grands patrons (beaucoup sont Français). Ils viennent détailler leur action au quotidien dans les entreprises. L’enjeu du climat est tellement disproportionné à l’échelle des États, qu’il n’y a que les entreprises qui aient les ressources pour essayer de relever ces défis.
C’est une question de budget, d’argent ?
Bien sûr, mais aussi de recherche, d’innovation et de brevets. Beaucoup de petites et grandes entreprises ont bouleversé leurs cycles de recherche et de production, ou vont le faire. Elles travaillent de plus en plus avec les ONG. Le secteur du luxe, mais aussi Michelin et Danone sont parmi les chefs de file dans ce domaine. La finance avec BNP-Paribas et les grands actionnaires qui orientent eux-aussi leurs choix vers des investissements climato-compatibles.
Il y a au fond deux façons de se positionner face à la crise environnementale. On peut accuser les entreprises et la consommation, tout arrêter, inverser la croissance et enchaîner les imprécations comme Greta Thunberg. On peut au contraire refuser ce retour en arrière, miser sur la capacité des hommes et des entreprises à inventer leur avenir, à trouver des solutions et à les imposer. C’est comme ça que l’humanité est sortie de l’âge de pierre et c’est comme ça que le défi du climat sera relevé.