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Après l’affaire Eliane Houlette et la révélation de pressions sur le Parquet national financier, lors du quinquennat précédent, voici l’affaire Bismuth-Sarkozy. On a l’impression que la chronique judiciaire est en train de devenir une rubrique de faits divers …

Mais qu’arrive-t-il à la justice française ? Est-ce qu’elle a perdu la tête ? Est-ce qu’elle a décidé sa propre condamnation à une dégradation en place publique ? En tout cas, chaque jour apporte sa nouvelle affaire, et chaque jour un peu plus de déshonneur. La dernière affaire en date, c’est la révélation d’une enquête secrète sur des avocats… C’est le magazine le Point qui l’affirme : la Parquet national financier a épluché, en grand secret, les listings téléphoniques de plusieurs avocats célèbres, à la recherche d’une taupe qui aurait renseigné Nicolas Sarkozy sur le fait qu’il était personnellement mis sur écoute. C’est une affaire complexe, mais elle a révélé que la justice pouvait elle-même flirter avec l’illégalité en, plaçant des écoutes aux longs cours sur les conversations entre un ténor du barreau et son client. Pas brillant. Mais ce n’est rien à côté de l’affaire Houlette… 

Du nom de l’ancienne patronne du Parquet national financier, qui avait lancé l’enquête sur François Fillon… 

Oui, et qui avait, à la vitesse de l’éclair, transmis le dossier à un juge d’instruction, lequel s’était empressé de mettre en examen le candidat de la droite. Bon, on sait maintenant que Mme Houlette a subi des pressions de sa supérieure hiérarchique, des pressions très probablement politiques puisque, je le rappelle, nous étions alors en pleine campagne électorale pour l’élection présidentielle. C’est évidemment très grave, ça fait peser une suspicion absolue sur l’indépendance de la justice, et sur le fait qu’elle a pu lourdement peser sur le cours de la politique française. C’est tellement gros qu’Emmanuel Macron a saisi le Conseil Supérieur de la magistrature afin de faire la lumière sur ce peu glorieux épisode. Il veut « lever le doute sur l’indépendance et l’impartialité de la justice ». Et à vrai dire, ça s’annonce assez mal. Parce que, dans le même temps, deux juges d’instruction ont relancé leurs investigations sur le plus proche collaborateur du chef de l’Etat, Alexis Kohler…

C’est une affaire ancienne de soupçon de conflit d’intérêt. La première enquête avait été classée sans suite…

Oui, mais une note d’Emmanuel Macron prenant la défense de son collaborateur vient d’être révélée par Mediapart. Et il a suffi, là aussi, de quelques heures pour relancer la machine judiciaire. Difficile de croire qu’il n’y aurait aucune dimension politique dans ce calendrier express. On enquête à marche forcée sur les politiques, on enquête en grand secret sur les avocats, on règle ses comptes entre magistrats en s’accusant mutuellement d’avoir exercé des pressions. Autant dire que la magistrature fait tout ce qu’il faut pour rendre impossible de lever le doute sur sa propre impartialité. Dans une démocratie, c’est une entaille très grave au contrat de confiance des citoyens.