Une récession de 4,9%, c'est ce que prévoit le Fonds Monétaire International pour l'économie mondiale en 2020 à cause de l'épidémie de coronavirus. Une situation dramatique, plus grave que prévu au début de la crise, qui va toucher de plein fouet la France, dont les prévisions sont alarmantes.
Le Fonds Monétaire International a annoncé hier qu’il révisait nettement à la baisse ses perspectives économiques pour l’année 2020.
Le coronavirus aura donc fait encore plus de dégâts sur l’économie qu’on ne l’avait imaginé jusqu’ici. Je ne vais pas vous abreuver de chiffres, mais plutôt de citations (elles sont tirées de ce rapport du FMI publié hier).
"C’est une crise comme aucune autre" ; "la pandémie a eu un impact plus négatif que prévu" ; et pour ce qui concerne l’avenir, malheureusement, "le retour de la croissance sera plus graduel qu’espéré". Le ton est donné, et il est résolument plus alarmiste que tout ce qu’on avait entendu jusque-là.
Quelques chiffres quand même, pour bien fixer les idées ?
En voilà : en avril dernier, le FMI pariait sur un recul de l’économie mondiale de 3% sur l’année. Aujourd’hui, ses experts affirment que la récession sera de 4,9%. C’est un décalage himalayesque. Et pour bien prendre conscience de ce que ça représente, je rappelle le chiffre de référence, celui de la dernière grande crise mondiale : c’était en 2009, et l’économie globale avait reculé de 0,1%. Il y a dix ans 0,1%, 4,9% aujourd’hui !
C’est violent, en effet. Et la France, dans ce panorama ?
Pas bien placée du tout. Pas de doute, le fameux "quoi qu’il en coûte" d’Emmanuel Macron a été pris au pied de la lettre. Le "restez chez vous", martelé, seriné, rabâché tous les soirs, la peur, les attestations pointilleuses, le score fièrement brandi comme un trophée du nombre de contraventions dressées par les policiers et les gendarmes, tout cela a parfaitement fonctionné : la France se retrouve en queue de peloton. Pour nous, ce sera 12,5% de récession.
Bon, mais, le mot d’ordre a changé. Dorénavant, c’est : "il faut relancer l’économie !"
Oui, Emmanuel Macron dit même qu’on doit "pleinement faire repartir l’économie" et qu’il compte sur les Français pour cela. Oui, sauf que ça ne se passe pas comme ça. Rares sont les secteurs qui ont pleinement repris. Et rares sont les patrons qui peuvent affirmer que tous les salariés qui le pourraient sont revenus, et que tout repart "pleinement".
Le cocktail chômage partiel - télétravail - lenteur de la réouverture des écoles a freiné le retour au boulot. Le gouvernement lui-même a été long à alléger les protocoles sanitaires pour les entreprises. Ça ne date que d’hier. Beaucoup de temps perdu, et quelques chances en moins que le rebond de la croissance soit rapide et puissant.
Les syndicats n’étaient pas vraiment chauds pour le retour sur les lieux de travail.
Ça dépend. Il y a ceux qui ont fait du confinement une arme contre les entreprises (la CGT, bien sûr, et ses actions en justice). Et puis il y a ceux qui continuent à privilégier le sanitaire mais acceptent l’idée d’un retour progressif (c’est le cas de FO, et de la CFDT).
C’est d’ailleurs leur intérêt, aux syndicats. Laurent Berger reconnaît par exemple en privé que la désocialisation, le relâchement du lien entre l’entreprise et ses salariés, la dispersion du collectif, tout cela résonne comme un immense défi pour les syndicats. Et ça, ce n’est pas dans les chiffres du FMI.