La petite musique Édouard Philippe résonne toujours

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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce vendredi, il s'intéresse à Édouard Philippe. Sorti de Matignon alors qu’il était populaire et peut-être même à cause de ça, il veut conserver son capital pour l’avenir et empêcher tout candidat de la droite d’émerger trop fortement.

Ce jeudi, Jean Castex faisait sa première grande émission politique sur France 2. Pendant ce temps-là, un autre Premier ministre s’exprimait, lui aussi, mais à huis clos.

Cet ancien Premier ministre c’est celui dont on parle le plus en ce moment et c’est aussi celui qui parle le plus en ce moment : Édouard Philippe. Ce jeudi, il était avec des amis, maires de grandes villes. Il planchera ce vendredi matin devant quelques centaines d’entre eux, membres d’une association fondée par le maire d’Angers, Christophe Béchu. C’est quelqu’un de très représentatif de cette génération d’élus de 40-50 ans, de droite modérée et du centre, proches du terrain et qui souhaitent la réussite d’Emmanuel Macron. Ce qui est sûr, c’est que devant cette assemblée, Édouard Philippe sera à son aise.

Édouard Philippe parle de plus en plus, il cherche quoi ?

À rester vivant dans l’esprit des gens. Il a été sorti de Matignon alors qu’il était populaire et peut-être même à cause de ça. Il veut conserver son capital pour l’avenir.

C’est quoi son avenir ?

Vous connaissez cette phrase que l’on prêtait à Pompidou : "à la minute où vous entrez à Matignon, vous songez à l’Élysée". Nicolas Beytout ajouterait que, quand on est populaire, on a encore plus de raisons de le faire. Mais attention, une des qualités les plus reconnues à Édouard Philippe, dans toutes les études d’opinion, c’est sa loyauté d’acier vis-à-vis d’Emmanuel Macron. C’est pourquoi tout le monde, ses amis et les autres, pense qu’il n’ira pas contre le Président élu. Ce serait trahir un trait de caractère et faire mentir une de ses qualités. Pour un homme politique, c’est un très mauvais calcul pour lequel François Fillon pourrait sûrement témoigner. Ce sera donc, peut-être, pour beaucoup plus tard, sauf bien sûr si Emmanuel Macron était dans l’incapacité de se représenter. D’ici là, il aura un rôle qu’il est le seul à pouvoir jouer : être un pivot entre la République en Marche et cette partie de la droite qui se cherche un destin et piaffe de ne pas le trouver chez Les Républicains. Comme le dit un des meilleurs observateurs de la droite, la mission d’Édouard Philippe sera d’empêcher tout candidat de la droite d’émerger trop fortement.

Et du côté du parti majoritaire, La République en Marche ?

On a déjà évoqué il y a quelques jours les échecs politiques successifs du parti du Président. Rebelote dimanche, où il va encore prendre une veste aux élections sénatoriales. Plus le temps passe et plus on comprend qu’aucune figure de premier plan ne réussira à émerger de ce parti qui, au contraire, "s’archipellise" de plus en plus. D’ailleurs, tout se passe comme si Emmanuel Macron ne s’y intéressait pas. Voilà, ce parti jeune a déjà vieilli. Ça laisse un espace et une utilité politique forte à un ancien Premier ministre qui, certes, a vieilli à Matignon mais qui, aux yeux des Français, reste jeune.

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