Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse à l'échec de l’Institut Pasteur qui jette l’éponge dans la course au vaccin contre le Covid. Selon lui, c'est une nouvelle claque pour la recherche française.
L’Institut Pasteur jette l’éponge dans la course au vaccin contre le Covid.
C’est une nouvelle claque pour la recherche française. Il y a trois mois, le prix Nobel de chimie attribué à la française Emmanuelle Charpentier avait déjà mis en lumière le fait qu’elle était partie s’installer à l’étranger et qu’en Allemagne, où elle travaille aujourd’hui, elle avait bénéficié d’une liberté et de budgets impossibles à réunir en France. Il y a deux mois, la société américaine Moderna annonçait que son vaccin, conçu selon un protocole révolutionnaire, était efficace à 94,5%. Moderna est dirigée par le Français Stéphane Bancel, parti aux États-Unis après une longue carrière en France. Enfin il y a un mois, le géant pharmaceutique français Sanofi reconnaissait que son vaccin ne serait pas prêt avant la fin 2021, au mieux.
Pour clôturer cette série, il y a donc le retrait de Pasteur.
Une image terrible pour la maison qui porte le nom mondialement connu de l’inventeur du vaccin. Cet enchainement de revers pour la recherche française est le résultat d’une longue histoire. Les labos ne sont pas forcément en cause. Les échecs, les mauvaises pistes et les impasses sont le lot commun des chercheurs. Mais là où dans beaucoup de pays, la vitesse d’exécution, la capacité à mobiliser des sommes énormes et à rebondir ont été la clef du succès, la France est plutôt réputée pour son côté bureaucratique, avec une recherche publique qui manque cruellement de moyens par rapport au privé, et des chercheurs du secteur public qui, pour certains, continuent à mépriser gaillardement cet univers du privé. Là où pourtant est le cash. Tout ça dans un contexte général de doute profond face à la science.
Les anti-vaccins ?
Entre autres, oui. C’est sûr que l’image de la science, du progrès, de l’innovation, est tellement dégradée en France, que ça rejaillit sur la motivation de tout un secteur. Dans ces conditions, comment prendre des risques dans un pays qui ne jure que par le principe de précaution ? Comment, pour un laboratoire pharmaceutique, investir des milliards d’euros quand l’image en France des Big Pharma est à ce point controversée ? Les premières vagues de l’épidémie de coronavirus avaient déjà porté un rude coup à cette fierté française d’avoir soi-disant le meilleur système de santé au monde. Voilà qu’on comprend maintenant que l’avenir, symbolisé par la recherche, n’est pas beaucoup plus assuré.