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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce jeudi, il s'inétresse aux difficultés pour les "petits" candidats de faire campagne en vue des élections régionales qui pourraient se tenir en juin. La crise sanitaire et les restrictions mises en place les empêchent de se faire connaître et de partager leur programme. Un problème démocratique qui commence à être soulevé.

Un candidat ou quasi-candidat de plus ! Yannick Jadot a lancé ce mercredi les premiers feux de sa campagne pour la présidentielle.

Le paysage pré-électoral commence à se peupler, mais le contexte sanitaire donne un drôle d’air à toute cette activité. Nicolas Beytout vous livre cette petite phrase lâchée au détour d’une conversation avec un chef de parti : "Avec le Covid, le respect de l’égalité de traitement entre les candidats est une fiction". Dit de façon plus brutale, ça donne : "Il y a actuellement un lourd problème démocratique".

Lequel ? Qu’est-ce qui cloche, qu’est-ce qui manque pour que l’égalité soit respectée ?

Il y a d’abord ce qui avait motivé le report des élections régionales qui pourraient se tenir en juin, l’impossibilité de faire physiquement campagne pour tous les partis. Mais il faut reconnaître que ceux qui sont au pouvoir, ou qui sont portés par une vague et une notoriété qui les dépassent (on pense par exemple aux écolos ou aux Républicains), ceux-là n’ont pas forcément besoin de faire un travail de terrain intensif par rapport aux partis moins implantés et qui devraient avoir les mêmes droits. Il y a aussi, autre rupture de l’égalité, l’impossibilité de préparer normalement les programmes et les échéances. Une députée me faisait remarquer qu’elle n’avait droit qu’à un visiteur par jour à l’Assemblée. Impossible donc de réunir des experts, ou des collaborateurs. Alors que du côté du pouvoir, c’est un peu no limit dans les ministères et à l’Élysée. Et puis, il y a toute l’effervescence qui devrait entourer la préparation d’un tel événement politique : les meetings, les déplacements et les bains de foule.

Tout ça devient impossible si le Covid et ses variants n’ont pas été vaincus.

Pas de meeting ou de porte à porte, pas de tractage sur les marchés, c’est une attrition de la vie démocratique. Sans tous ces rendez-vous, impossible de tenir le haut de l’actualité pendant des mois. Ça veut dire que ce sont les réseaux sociaux qui prendront la main et on a vu aux États-Unis ce que ça peut donner comme dérives. Au total, ce sera plus difficile pour les Français de se forger une opinion, de confronter ce qu’ils voient (ou plutôt devraient voir et entendre). La conséquence probable, c’est un gonflement du niveau d’abstention, comme on avait pu le constater au deuxième tour des municipales de l’an dernier. Et un éloignement toujours plus grand, un fossé qui s’élargit entre les Français et la politique.